16 Millions de volailles abattues en 6 mois, triste record pour une épizootie toujours pas totalement maîtrisée en France. Alors que les éleveurs perçoivent les premières aides, la gendarmerie accentue la pression sur les particuliers qui possèdent des volailles
Jamais la lutte contre la grippe aviaire n'aura été aussi intense, ni la maladie aussi dévastatrice. 16 millions de volailles françaises ont été abattues en six mois pour endiguer l’épizootie. C'est 4,5 fois plus que l'an dernier, période pendant laquelle 3,5 millions d'animaux (essentiellement des canards à foie gras) avaient été sacrifiés.
Une crise plus violente, et plus étendue
Cette année, les ravages ont largement dépassé les habituels élevages de canard à foie gras du Sud Ouest (les Landes sont d'habitudes les plus touchées) pour gagner notamment la Vendée, les Pays de la Loire et les élevages de poulets. 1 364 élevages ont été contaminés (contre 500 l'an dernier), dont 857 foyers recensés en Vendée et dans les départements limitrophes. On estime que la filière poulet française pourrait baisser sa production de 30% suite à cette crise ayant concerné les poules. Les effets seront également plus durables car pour la première fois les producteurs de poussins, canetons et volailles reproductrices ont également été touchés.
Mesures draconiennes
À cette épidémie d'une ampleur inédite, la filière volaille et les services de l'État n'ont cessé d'opposer des mesures draconiennes. Depuis l'apparition du premier cas français dans le Nord de la France fin novembre, les mesures de contrainte, les désinfections et les abattages d'animaux malades mais aussi les abattages d'animaux sains à titre préventif autour des élevages se sont multipliés.
Incubation saisonnière terminée
Ce n'est que prudemment que le Ministère de l'Agriculture a estimé ce 2 mai que le phénomène semblait décélérer et que le pic épidémique était passé depuis la fin mars. Un effet des mesures sanitaires, mais probablement conjugué avec la baisse naturelle de l'épidémie. L’influenza aviaire commence à apparaître en Europe avec les premiers oiseaux migrateurs en provenance d'Asie à partir du mois d'octobre, mais elle tend aussi à disparaître à l'arrivée des beaux jours en avril.
Le point en Dordogne
Reste à panser ses plaies. En Dordogne, presque 600 communes ont fait l'objet de zones de protection ou zones réglementées supplémentaires. Près d'une soixantaine de foyers ont été décelés et environ 520 000 volailles ont été abattues, les abattages préventifs se poursuivant.
Les aides commencent à arriver
La Préfecture a précisé les conditions d'attribution des aides pour les éleveurs. Les abattages, la destruction des œufs et la désinfection des sites sont pris en charge pour les élevages infectés mais aussi pour ceux qui ont fait l'objet de mesures préventives exceptionnelles, des avances pouvant être accordées selon les cas. Il est possible d'obtenir plus d'information en appelant le 05 53 03 65 55 ou par mail adressé à ddetspp-iahp@dordogne.gouv.fr .
Volailles particulières sous surveillance
L'épidémie ne s'arrête pas plus aux frontières du département qu'aux limites des élevages, et les particuliers, bien que soumis à moins d'exigences, sont aussi concernés par les mesures sanitaires. À commencer par le confinement des volailles, susceptibles d'être contaminées par les volatiles sauvages. Des volailles devant en principe aussi être déclarées en mairie.
Règle de base, dans les enclos en zones réglementées, surveiller l'état de santé et avertir un vétérinaire si l'on constate une maladie ou un décès suspect dans sa basse-cour. Confiner les animaux et/ou les protéger par des filets évitant le mélange avec les oiseaux sauvages. Éviter la stagnation de nourriture et d'eau accessibles aux oiseaux de passage, ne pas épandre le fumier directement dans les champs sans l'avoir laissé mûrir deux mois auparavant.
La maréchaussée dans les basse-cours
Même si les verbalisations n'ont pas encore été nombreuses, la Préfecture ne plaisante pas sur le sujet. Des patrouilles de gendarmerie veillent, font de la pédagogie lorsque le cas se présente, et sanctionnent les particuliers en cas de non-observation et de récidive.
Une amende qui peut alors atteindre 750 €uros après un premier rappel à la loi. Face à la dureté de l'amende pour des propriétaires pas toujours fortunés, les forces de l'ordre reconnaissent marcher "sur des œufs" pour verbaliser, mais n'hésitent pas à le faire si la mauvaise volonté est manifeste. Des contrôles qui peuvent s'étendre sur les routes, lorsque le transport d'animaux vivant y est interdit, et même sur les marchés.