Nontron préfère garder la collecte à domicile et boude les 800 containers d'apport volontaire qu'on veut lui imposer. À Périgueux, plus de 300 opposants à la réforme ont manifesté ce mardi après-midi devant le Syndicat Mixte des Déchets de Dordogne
Laisser le transport des déchets à la charge des foyers
Dans la guerre des déchets, la résistance s'organise. Pour faire face à la future taxation du retraitement des déchets et augmenter sa rentabilité, le SMD3, Syndicat Mixte des Déchets de Dordogne avait prévu deux réformes : la mise en place de la redevance incitative, qui permet de taxer davantage les gros producteurs de déchets non recyclables pour les forcer à trier, et l'obligation d'aller déposer soi-même ses déchets dans les containers accessibles par badges.
Double contrainte qui ne passe pas auprès des usagers. Ils dénoncent les problèmes soulevés par l'arrêt de la collecte à domicile et l'injustice de la nouvelle taxation.
7 000 opposants... au moins
L'AMCODD, Collectif des Usagers Mécontents de la Collecte des Déchets en Dordogne, a fédéré près de 7 000 personnes sur sa page Facebook. Soutenu par de nombreuses associations dont la SEPANSO et les syndicats de retraités CGT, FO, FSU et fonctionnaires, le collectif manifestait ce mardi après-midi devant le siège du SMD3 à Coulounieix-Chamiers.
300 manifestants sous la pluie
Manifestation à succès : en plein mois de juillet, plus de 300 personnes (selon la police) ont bravé la pluie et sont venus réclamer le retrait total du projet de réforme du SMD3 : un retour à une collecte en porte-à-porte là où elle est nécessaire et une taxation plus équitable, qui prenne en compte la production réelle de déchets, et qui ne soit pas purement punitive.
Atermoiement
De son côté, le SMD3 temporise et atermoie. Il revoie une partie de sa copie, et repousse d'un an l'application de la réforme.
Conserver le service au public
Voilà qui risque d'apporter de l'eau au moulin des opposants. Dans le Nontronnais, au nord du département, la gestion des déchets est assuré par le SMCTOM . Sa nouvelle directrice Marilyne Forgeneuf refuse d'abandonner le ramassage en porte-à-porte et de se faire imposer les bornes d'apport volontaire. D'autant moins qu'à quelques kilomètres de là, dans l'ouest du Limousin, le ramassage classique par camion-benne et ripeur fonctionne très bien. Un dispositif permet de taxer équitablement et automatiquement les poubelles ramassées, selon le volume.
800 réservoirs à déchet... encombrants
Dans le pays nontronnais, les containers à déchets ont déjà été livrés. 800 "bornes d'apport volontaire" que le SMD3 rêve de voir disséminés sur le territoire pour enfin supprimer ses ripeurs et ses tournées de camions de ramassage. Résignée à ne pas gaspiller, Marilyne Forgeneuf envisage de les implanter aux endroits où ils peuvent effectivement servir, dans les zones les plus densifiées, là où les riverains pourront facilement déposer eux-mêmes leurs poubelles. Ailleurs, pas question de priver les foyers de leur service public. Les usagers les plus fragiles qui ne manquent pas dans la région, personnes âgées, sans moyen de locomotion ou handicapées, apprécieront.
Passage en force ?
Passablement agacé par cette sédition, le SMD3 campe sur ses positions. Il parle de "solution coûteuse" et d'impact environnemental. La perte du service public, les risques d'incivilité, la perte d'emplois de ripeurs et l'obligation de faire sortir des centaines de voitures de particulier à la place d'un seul camion de ramassage n'entrant sans doute pas en ligne de compte dans les calculs de rentabilité du SMD3.
Marilyne Forgeneuf ne se fait pas d'illusion, elle s'attend à ce que la préfecture et le SMD3 la forcent à rentrer dans le rang. Mais elle tentera de maintenir sa position le plus longtemps possible.