La Dordogne est en train de perdre la guerre contre ce fléau qui a déjà envahi certains quartiers de Périgueux. Les riverains s'agacent, les terrasses sont intenables, et aucune solution n'a l'air d'avoir fonctionné jusqu'ici. Une habitante lance une pétition pour mobiliser la mairie.
C'est une guerre qui semble perdue d'avance, tant l'ennemi est sournois, nombreux et pugnace. Comme les frelons asiatiques, le moustique tigre continue à envahir le territoire, remontant inexorablement vers le Nord de la France en surfant sur la vague du réchauffement climatique. Une progression annoncée de longue date mais qui n'a malgré tout pas pu être stoppée.
Prolifique et résistant
Il faut dire qu'à raison de 200 œufs en moyenne toutes les 48 heures pendant 1 mois, la femelle moustique est particulièrement prolifique. En deux mois, à elle seule, elle aura produit un millier d'individus, et pour ça elle n'aura eu besoin que de quelques millilitres d'eau. Un fond de pot de fleur.
Deux semaines seulement après la fécondation, l'œuf donne naissance à un nouvel individu. Et entre les deux, l'œuf est très coriace. Il est capable de se mettre en somnolence quand la température baisse, et peut éclore plusieurs mois plus tard, au retour des beaux jours. En clair, contrairement à d'autres moustiques, il survit d'un été à l'autre
Attaques sournoises
Autant dire que si vous apercevez un moustique tigre, ce n'est que l'éclaireur qui précède l'invasion massive et vous pouvez être sûr l'envahisseur est installé pour longtemps. C'est l'expérience irritante que vivent actuellement les habitants de Périgueux, condamnés à fuir les terrasses, à s'habiller de long et s'asperger de répulsifs pour ne pas finir en garde-manger boutonneux.
Réaction irritée
Un sort que Salomé Estrade, 28 ans, veut éviter à son petit garçon d'un an. Résidente du quartier de la Préfecture, elle subit les attaques aériennes depuis des mois, et constate que les choses ont empiré. Elle a donc décidé de lever, elle aussi, une armée. À la rentrée, elle a lancé une pétition en ligne baptisée : Moustiques tigres : pour que les Périgourdins puissent profiter de leur jardin.
Chauves-souris, poissons et CO2
Son but est de faire agir et réagir les pouvoirs publics afin qu'ils s'emparent pleinement du problème. La pétition ne réclame pas l'extinction totale des insectes par enfumage du quartier au DDT, mais elle prône plus de pédagogie auprès de la population et des dispositifs naturels et abordables disséminés un peu partout.
Elle préconise ainsi la création de bassins à poisson dans les parcs, une large information du public menée par des "brigades vertes", et un budget permettant aux particuliers de créer leurs propres bassins à poisson, des pièges à CO2 ou encore des refuges pour chauve-souris. Entre deux séances de grattage, 700 personnes ont déjà signé la pétition, le but étant d'atteindre le millier pour devenir incontournable.
Mesures à l'étude
Ce ne sera peut-être pas nécessaire parce que le problème n'avait pas totalement échappé à la Mairie. Elle a même créé une cellule dédiée à la lutte contre Aedes Albopictus, le nom diabolique de ce monstre à rayure. Ce mercredi 14 septembre en soirée, le Conseil Municipal étudie les moyens de détruire efficacement les gîtes larvaires et la possibilité de subventionner partiellement l'achat de pièges par les particuliers contre présentation d'une facture.
Le spectre de zika, chikungunya et dengue
Mieux vaut tard que jamais, car le pire est peut-être devant nous. La Nouvelle-Aquitaine est entièrement colonisée, à l'exception seule de la Creuse pour l'instant. En Gironde, ou près de 90% de la population est concernée, une quinzaine d'opérations de démoustication chimique menées cette année par l'ARS ne semblent avoir fait que retarder le problème. Plus inquiétant, les vols internationaux en provenance de régions infectées par le virus zika, la dengue ou le chikungunya ont repris et le moustique tigre vecteur de ces maladies pourraient les répandre en métropole. Un risque pris très au sérieux par le Ministère de la Santé et qui ont justifié les démoustication de l'ARS.
Démoustication : les armes dont on dispose
Porter des vêtements longs, utiliser des insecticides et des répulsifs, agiter des raquettes électriques et des pièges à insectes électriques peut ne pas suffire, et ne réduira pas le nombre de moustiques à long terme. Voici les solutions les plus éprouvées
- Éliminer les pondoirs. Nettoyer gouttières, coupelles ou n'importe quelle eau stagnante, c'est la base, le procédé le plus simple et efficace pour ne pas offrir de pondoir au moustique. À surveiller toute l'année, puisque les œufs peuvent résister au froid pour éclore au printemps.
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- Pièges à phéromones ou CO2. La solution technologique qui piège l'insecte adulte par des phéromones ou du CO2 et de la chaleur imitant le corps humain. Attiré, le moustique est ensuite aspiré et piégé. Les offres de ce genre de pièges abondent sur Internet. Une Start-Up française propose l'installation d'une de ces bornes alimentée électriquement avec un bonbonne de CO2 à renouveler. Solution qui reste coûteuse pour le particulier.
- Version DIY : Il est également possible de fabriquer soi-même ce genre de piège avec une bouteille plastique, du sucre et de la levure. La solution facile et bon marché.
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