Les salariés de la SEITA font de la résistance

A 6 jours de la date butoir, le plan social drastique annoncé au printemps par le cigarettier Seita ne passe pas. Les syndicats refusent d'avaliser les mesures d'accompagnement proposées, pourtant "nettement supérieures" à la moyenne, selon l'entreprise qui ferme notamment le centre de Bergerac.

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Après 4 mois d'âpres négociations, les trois syndicats de Seita (CGT, Unsa, CFE-CGC) ont dit jeudi qu'ils n'étaient pas prêts à signer "en l'état" un accord sur les mesures d'accompagnement (congé de reclassement, indemnités...).

Ils ont dénoncé ensemble un "chantage" de la direction, qui, faute d'accord, a prévenu qu'elle réduirait les indemnités supralégales de licenciement. Affirmant leur "volonté d'aboutir à un accord", les syndicats demandent à Seita, qui produit les célèbres Gauloises et Gitanes, "d'examiner sérieusement" des "solutions alternatives".

366 suppressions d'emploi 

Le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) annoncé en avril par la filiale du britannique Imperial Tobacco comporte 366 suppressions nettes d'emplois, soit près du tiers de ses effectifs (1.150).
Il prévoit notamment la fermeture de sa plus grosse usine, à Carquefou, près de Nantes. Débrayages, séquestration, dégradations et même grève de la faim depuis le 29 septembre: dans cette usine, le plan est vécu très durement.

Grèvistes de la faim

"Je suis entré il y a 15 ans dans une boîte familiale avec une histoire. Aujourd'hui, on nous jette comme des mégots", lâche Frédéric, muté comme beaucoup à Nantes en 2009 après la fermeture du site de Strasbourg.
Avec les autres grévistes de la faim, en fauteuil roulant, et 200 salariés, il s'est rendu jeudi au palais de justice de Nantes, où un recours en référé a été
déposé pour entrave à la consultation du comité d'entreprise.

Les syndicats renvoient maintenant la balle à la direction, qui "doit revoir sa copie" d'ici au 15 octobre, a expliqué Eric Comparot, délégué syndical central CGT.

Le premier syndicat, dont la signature suffit à un accord majoritaire, enjoint également au gouvernement "d'intervenir" pour imposer "un moratoire" sur les fermetures de Carquefou et du centre de recherche de Bergerac en Dordogne.

La direction doit plancher d'ici le 15 octobre

Mercredi, la direction disait "ne pas désespérer qu'un accord soit signé par les partenaires sociaux".
La proposition "finale" d'accord, améliorée, ouvre "des conditions très nettement supérieures à ce qui se fait en moyenne", et au minimum prévu par la loi, fait valoir Eric Sensi-Minautier, directeur des affaires publiques de Seita. Seita est "assez exemplaire" et "accompagnera chaque salarié", promet-il. 

Dans un communiqué jeudi soir, la direction a notamment fait valoir qu'à Carquefou, "168 salariés avaient rencontré un membre de la cellule médico-psycho-sociale, soit plus d'un salarié sur deux". 

Faute d'accord, une bataille judiciaire commencera

Si aucun accord n'est trouvé à cette date, Seita déposera une mouture unilatérale de son plan à l'administration pour feu vert. Avec une indemnité complémentaire abaissée à un mois par année d'ancienneté, contre un mois et demi en cas d'accord (soit dans ce cas en moyenne 107.000 euros).

En revanche, les autres mesures (préretraite d'entreprise dès 52 ans avec 70% du salaire garanti et congés de reclassement de 14 à 17 mois, selon l'âge et le projet) "seront inchangées".
Dans ce cas, le plan unilatéral "sera attaqué" devant le tribunal administratif, a prévenu la CGT.

Les syndicats demande de ne pas délocaliser en Pologne

Les syndicats demandent à Imperial Tobacco "un engagement clair de sécuriser et pérenniser le site industriel de Riom" (Puy-de-Dôme) en y transférant l'ensemble de la production nantaise, qui doit être en partie délocalisée en Pologne.
Ils souhaitent aussi que le congé de reclassement soit augmenté (à 18 et 24 mois selon les cas) et les reclassements internes davantage favorisés.

En reprenant l'ex-régie publique des tabacs en 2008, Imperial Tobacco avait déjà supprimé un millier d'emplois, la moitié. Depuis, Seita a versé 2,6 milliards d'euros de dividendes aux actionnaires depuis 2008, affirme la CGT.

Imperial Tobacco, qui voit ses ventes baisser sur le marché européen, a réalisé entre octobre 2013 et juin 2014 un chiffre d'affaires de près de 6 milliards d'euros, en baisse d'1%. Il prévoyait néanmoins une hausse de 10% du dividende versé à ses actionnaires.

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