C’est LE sujet qui a cristallisé toutes les passions lors du mandat d'Antoine Audi : le quartier commercial Montaigne. Un projet qui est loin de faire l’unanimité chez l'ensemble des candidats à la mairie de Périgueux.
Dans les cartons depuis 10 ans
Il y a des projets, qui traînent dans les cartons et reviennent sur la table des années après. C’est le cas du quartier commercial Montaigne, pensé initialement par Michel Moyrand, maire socialiste de Périgueux entre 2008 et 2014. "Ce n’était pas du tout le même projet, absolument rien à voir" se justifie l’ancien édile."Nous avions une locomotive, ou plutôt un TGV ! H&M devait s’installer sur 2000 mètres carré et ainsi attirer d’autres enseignes. Aujourd’hui, il n’y a plus de locomotive, Monsieur Audi l’a donnée à une grande surface de la périphérie..." raconte-t-il avec une pointe de suspicion.
Une halle plutôt qu'un îlot commercial ?
Quoi qu'il en soit, s'il est de nouveau élu à la tête de la ville, Michel Moyrand s'attaquera en priorité à ce dossier. "Il n'a plus lieu d'être ! Il faut un projet très léger, autour d'une halle avec un aménagement paysager" explique-t-il.Une vision partagée par Patrick Palem, le candidat investit par La République En Marche. Dans l'esprit de ce qui existe déjà à Pau, il souhaite ériger une halle marchande où s'installeront les commerçants. Une façon pour lui "de mettre en valeur l'artisanat et la gastronomie" sans gâcher le paysage.
Une catastrophe architecturale ?
Car ce qui semble surtout déranger le candidat LREM, c'est l'architecture même du projet. "C'est une catastrophe ! Vous voyez le patrimoine autour de nous ? Est-ce que vous voyez un bâtiment qui détonne ? Non ! Et bien là, il y en aura un !" dit-il en nous prenant à témoin.Un projet démodé ?
"C'est un projet qui a 20 ans de retard" lâche Elisabeth Dartencet, elle aussi candidate à la mairie de Périgueux. "Ce feuilleton n'a que trop duré, c'est ubuesque, il faut absolument en sortir" résume-t-elle. C'est d'ailleurs ce projet de centre commercial qui a poussé l'ex-adjointe à la culture à démissionner, en juin 2019. "J'avais demandé un moratoire jusqu'aux élections municipales, mais je n'ai pas été entendue par le maire" explique-t-elle. En effet, après une cession houleuse, le conseil municipal avait approuvé de justesse la vente de l'emplacement au promoteur JMP Expansion.Si elle est élue en mars prochain, elle rouvrira le dossier et proposera "une large concertation avec les habitants et les commerçants". L'ex-élue affirme avoir de nombreuses idées, mais ne souhaite pas les dévoiler. "Périgueux a de nombreux atouts en terme de patrimoine, de gastronomie et de savoir-faire dans le luxe" résume Elisabeth Dartencet, laissant planer le doute sur ses volontés.
Quid des recours ?
S'il y a bien une prétendante à la mairie farouchement opposée au projet, c'est Delphine Labails. Porte-voix de l'opposition municipale, la candidate socialiste souhaite purement et simplement faire annuler la vente de la dalle Montaigne au promoteur JMP Expansion. "Il y a plus de 6 mois, j'ai déposé un recours devant le tribunal administratif" explique-t-elle. "Il est impératif que la justice puisse casser la vente, c'est absolument nécessaire que cette parcelle revienne dans le domaine public" poursuit la candidate."Il est illusoire de penser à un autre projet ! Aujourd'hui, cette dalle est la propriété de JMP Expansion, elle ne nous appartient plus !" martèle Delphine Labails. "Ces recours font perdre du temps et de l'argent !" s'agace l'instigateur du projet, le maire sortant Antoine Audi.