Des sarcophages vieux de mille ans, les murs d'une maison antique : la construction d'un nouveau bâtiment dans le quartier de la cité administrative a mis au jour des vestiges archéologiques datant des origines de la ville.
En Dordogne, on a un peu l'impression que l'Histoire de l'Homme se révèle dans chaque grotte, ou à chaque coup de pelle. Et à fortiori à Périgueux, la ville bâtie sur les vestiges de l'ancienne Vesunna gallo-romaine.
Tombes millénaires
Cette fois, ce sont les fouilles préalables à l'édification d'un nouveau bâtiment dans le quartier de la Cité Administrative qui ont permis de tirer de l'oubli des ossements et des sarcophages vieux d'un millier d'années.
Les fouilles ont débuté le 3 mars et ont rapidement indiqué la présence de bâtis et de tombes. Plus précisément, une quarantaine de sarcophages datant du VI ème siècle.
Les profondeurs de l'Histoire
Et le mille-feuille de l'histoire ne s'arrête pas là. Ces tombes sont elles-mêmes des traces récentes comparées à ce qui se révèle 50 cm plus bas. Une plongée cette fois dans l'époque gallo-romaine, encore mille ans plus tôt, avec les murs d'un bâtiment particulièrement bien maçonné, aux murs rectilignes bien construits et alignés qui interroge les archéologues.
Occupation romaine
Ce nouveau bâtiment est d'autant plus intéressant qu'il n'est qu'à une cinquantaine de mètres de la Domus de Vesunna. Une exceptionnelle demeure urbaine, orgueil de l'histoire de Périgueux, qui témoigne des premiers siècles romains en Gaule. La découverte enrichira donc la connaissance que l'on a de cette luxueuse résidence de 4 000 m2 construite au milieu du 1er siècle et qui n'a cessé d'évoluer ensuite.
Tombes chrétiennes exceptionnelles
Les tombes, ossements et vestiges bâtis au-dessus sont nécessairement plus récents. Les romains pratiquaient la crémation, les tombes sont chrétiennes. Elles font partie du vaste cimetière de Vésone autour de la probable première église chrétienne des lieux, dédiée à Saint-Pierre, dit Saint-Pierre de la Cité ou Saint-Pierre l'Ancien. La présence d'un vaste cimetière médiéval largement exploité entre les VII et Xème siècle est attestée, une nécropole qui débordait des limites de la ville. Ces sarcophages trapézoïdaux qui par chance ont conservé leurs couvercles, étroitement imbriqués de cette manière dans des salles, sont rares en archéologie. Probablement un témoignage des premières inhumations chrétiennes de Périgueux.
Méli-mélo architectural
Démêler les époques pour retrouver le fil de l'histoire va prendre quelques années aux archéologues. Les bâtiments s'enchevêtrent. Pire, les plus récents ont été érigés en cannibalisant les anciens. Mêmes pierres, mais techniques de construction différentes, c'est ce qui permettra peut-être de rendre à César (et en l’occurrence à Auguste) ce qui lui appartient...
Retrouver le fil
Pendant deux ans, les spécialistes de la SCOP Hades qui ont procédé aux fouilles vont s'attacher à retracer l'histoire des ossements retrouvés dans les sarcophages creusés dans des blocs de calcaire. Une forme d'inhumation rendue assez courante dans ce cimetière grâce aux carrières proches qui abondaient. Deux ans de nettoyage, de reconstitution et d'étude anthropologique pour sortir autant que possible ces témoins de l'histoire de l'oubli.