Les éleveurs d'oies, de canards et transformateurs de la filière gras du sud-ouest subissent de lourdes pertes en cette période de crise sanitaire. Alors qu'ils se relèvent à peine du désastre provoqué par la grippe aviaire.
Souvenez-vous de l'hiver 2015/2016, puis celui de 2016/2017. Deux virus amenés vraissemblablement par des oiseaux maigrateurs, le H5N8 puis le H5N1, deviennent le cauchemar des éleveurs de volaille du sud-ouest.
Un abattage massif des animaux et une désinfection profonde des exploitations contaminées est alors mise en oeuvre, seule solution pour limiter la propagation de l'épidémie selon les autorités sanitaires.
La filière gras est durement touchée. De nombreux éleveurs ne s'en relèveront pas malgré les aides débloquées par le Ministère de l'Agriculture et l'Union Européenne.
Trois ans plus tard, c'est un autre virus qui menace une filière à peine remise. Celui-ci ne touche pas les bêtes mais empêche les humains de circuler librement.
"La filière courte est très impactée par le confinement lié au covid-19, les débouchés sur les restaurants sont réduits à néant, les marchés, les foires, les salons sont annulés et toute la partie liée à l'agro-tourisme, les clients qui venaient les week-ends, on ne les a plus" constate, amer, Eric Sourbé, l'un des nombreux producteurs de foie gras installés en périgord.
Le Cifog, le comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras, a enregistré un recul moyen des ventes de l'ordre de 30% dans la filière française.
"Ces reculs de ventes vont à nouveau fragiliser tous les acteurs de la filière depuis les couvoirs jusqu’aux entreprises de transformation en passant par les éleveurs et font peser un vrai risque sur les 100 000 emplois directs et indirects concernés" prévient le syndicat.
Eric Sourbé souligne qu'après la grippe aviaire, la filière s'était restructurée. "Nous avons investi sur la biosécurité et ces investissements là pèsent encore aujourd'hui" explique t-il. "Et on n'a pas encore retrouvé toutes nos parts de marché. On est très inquiets sur notre devenir..."
Le Cifog a lancé un appel aux distributeurs. Il réclame "une plus forte mise en avant des foies gras, magrets et confits en magasin, dans les réseaux Drive, les e-Commerce" et "des actions de promotion d’urgence ".
Les producteurs en appellent également à la solidarité des consommateurs.
Prenons le temps de nous détendre et de préparer un délicieux apéritif de Pâques #foiegras#magret https://t.co/aK49AuLMHs
— CIFOG (@OFFICIEL_CIFOG) April 11, 2020
"En cette période où les éleveurs et les agriculteurs sont en très grande difficulté, chacun peut contribuer selon ses moyens en achetant du Foie Gras, des Magrets et des Confits" nous suggèrent-ils.
Ils évoquent "une parenthèse festive" pour les week-ends de printemps, "même confinés à deux ou en famille".
Les français, bloqués chez eux et pour beaucoup financièrement limités eux aussi, entendront-ils cet appel ?
"Prenons le temps de nous détendre et de nous faire plaisir !" nous glissent les professionnels. Tentant non ?
Dans le reportage qui suit, nos reporters Emilie Bersars et Elsa Arnoult se sont rendues dans des élevages du périgord en cette période de crise sanitaire.