Inégalité de destins pour les bergers en Périgord. Aidé par la chambre d’agriculture, un couple d'éleveurs installé en 2015 va abandonner. Par manque de terre pour leur troupeau. Ailleurs, certains encouragent vivement l’installation des brebis.
Le foncier est un problème majeur en agriculture et élevage. Emilie et Steven, jeune couple et parents d’un bébé de quelques mois en font l’amère expérience. «Nous n’avons pas assez d’espace disponible pour faire paître nos bêtes. Nous allons en rester là et quitter la Dordogne» explique Steven. Après une expérience dans la Drôme, le berger et sa compagne avaient postulé pour une création de bergerie communautaire aux limites du Lot, à Campagnac-lès-Quercy. Pourtant, la chambre d’agriculture de Dordogne, avait retenu leur dossier et encouragé leur installation. Bâtiments pour les bêtes, fromagerie, tout a été fait pour accueillir ces passionnés d’élevage.
Actes de malveillance, sentiment de mauvais accueil
Pour le berger, l’accueil des locaux, peu enthousiaste, et quelques faits le poussent à aller voir ailleurs… «On nous a coupés des fils de clôture, des bêtes se sont échappées… J’ai laissé un tracteur garé en bord de chemin quelques heures, on nous a volé des pièces dessus...Et puis il y a les propriétaires qui nous disent vouloir récupérer leurs terres mises à disposition pour nos bêtes… Les primes PAC sont plus intéressantes pour eux...ça je peux le comprendre, mais nous n’avons pas assez de prairies pour les brebis. S’il faut leur acheter des aliments, ce n’est plus rentable. Pour nous, le projet ne tient plus !» Amertume et désillusion pour Steven qui annonce avoir pris sa décision avec Emilie : «c’est un échec, nous allons repartir dans la Drôme».
La Confédération Paysanne au courant de l’affaire
Joint par téléphone, Jules Charmois n’est pas étonné de ce fait. Le porte-parole de la Confédération Paysanne de Dordogne connaît l’affaire de Campagnac-lès-Quercy : «ça ne m’étonne pas vraiment. Il y a des comportements de rejet si vous n’êtes pas d’ici. Je l’ai vécu moi-même il y a quelques années. Même si ma famille est installée en Périgord depuis 75 ans » concède l’agriculteur. «ces jeunes étaient-ils prêts à un tel défi ? C’est un pari osé, ils ont tenté sans connaître le territoire. C’est difficile. Sur le papier tout est beau, la réalité est tout autre» conclut Jules Charmois qui ajoute «une réunion sur l’élevage est prévue à Sarlat. Nous allons évoquer ce cas».CONDAT-sur-Vézère cherche des bergers !
Le tintement des clochettes des brebis de Christelle Régnier anime la forêt de feuillus. Sur les plateaux calcaires qui surplombent la Vézère, cette ancienne employée de bijouterie s’est lancée dans l’élevage. «Je suis bergère depuis décembre 2018 ! C’est tout neuf ! Pour moi pas de problème, les propriétaires de forêt sont demandeurs» dit cette femme énergique, tout en suivant son troupeau dans les sous-bois.Stéphane Roudier, maire de Condat-sur-Vézère, a beaucoup œuvré à cette installation. « C’est vital pour le paysage, l’économie locale, la production de fromages du pays. Les ovins nettoient la forêt, et participent à la lutte contre les incendies ». Et de lancer un appel : « nous disposons de plus de 900 ha à entretenir. Ceux qui veulent s’installer sont les bienvenus. Les bergers auront de la terre !»
Solution : peut-être cette idée émise par le président de l'association des bergers itinérants, Thierry Delpech qui parle de revoir le droit de bail pour garantir un revenu au propriétaire et un accès aux éleveurs...