Les plaintes se multiplient depuis l’arrêt de la collecte des poubelles en porte à porte. Un collectif de mécontents dénonce les dysfonctionnements du nouveau système.
En Dordogne, des gens pleurent parce qu’ils ne peuvent pas porter eux-mêmes leurs poubelles jusqu’aux bien mal nommés Points d’Apport Volontaire.
Des tas de sacs éventrés se multiplient auprès de ces mêmes containers (ou dans la nature) un peu partout à travers le département.
La colère monte sur les réseaux sociaux contre les élus accusés de mépriser leurs administrés et à qui il est surtout reproché une absence de concertation.
Dans ce reportage, découvrez l’ampleur du problème.
Objectif : réduction des déchets
Et pourtant, tout cela part d’une très louable intention pour la planète : réduire le volume de nos déchets.Suivant des recommandations nationales, le SMD 3, le syndicat mixte départemental des déchets de la Dordogne, voudrait réduire de 50% la quantité des sacs noirs d’ici 2025.
En Dordogne, ces sacs sont enterrés dans de gigantesques décharges. Or, le coût de cette solution va augmenter drastiquement. Dans le cadre d'une loi de finance, la taxe due pour chaque tonne enterrée devrait être multipliée par trois.
Fort de cette double contrainte légale et économique, le SMD 3 a décidé de repenser l’ensemble du système de collecte de déchets des particuliers, aussi bien au niveau de son financement que de son organisation.
Nous l’avions expliqué dans un précédent reportage >
Pour le financement, une redevance incitative due par chaque foyer va remplacer la Taxe sur l’enlèvement des ordures ménagères (TEOM, qui était incluse dans la taxe foncière).
À l’avenir, chaque année, les Périgourdins recevront une facture pour régler les coûts d’enlèvement et de traitement des déchets, avec une part fixe et une part variable fonction du nombre de sacs noirs jetés. C’est ainsi que chaque foyer va recevoir un badge personnel qui servira à ouvrir les containers et comptabiliser le nombre de poubelles. Le système est en cours de déploiement. Des Périgourdins ont déjà reçu leur badge.
D’après les projections, certains vont y gagner, comme les gens seuls vivant dans des propriétés dont le foncier était fort imposé. Et d’autres paieront une redevance supérieure à l’ancienne TEOM.
Cette réforme financière en elle-même suscite déjà des contestations et des inquiétudes. Mais les premières factures ne sont pas encore arrivées.
En revanche, ce qui est déjà effectif sur le terrain, c’est le changement de l’organisation de la collecte des ordures ménagères.
Progressivement, à de rares exceptions, la collecte en porte à porte, avec camions et rippers, va disparaître.
Dans le nouveau système, chaque usager doit porter toutes ses ordures jusqu’aux fameux Points d’apport volontaire (PAV). Si vous êtes chanceux, votre PAV est à deux pas de chez vous. Mais pour nombre d’usagers, il faut charger ses poubelles dans la voiture avant de les décharger dans les containers. En cette saison, pour l’avoir expérimenté, nous pouvons vous assurer que les poubelles laissent un parfum inoubliable dans votre véhicule.
Encore faut-il avoir un véhicule ou tout simplement être en mesure de porter ses poubelles jusqu’au PAV, sachant que certains containers sont particulièrement peu commodes.
Dans les faits, cette solidarité peinent à s’organiser naturellement. Nous sommes dans un département vieillissant et en campagne, comme dans les villes, certaines personnes vivent loin de toute famille. Et il n’est pas donné à tout le monde d’être capable de demander de l’aide.
Aujourd’hui plaintes et témoignages se multiplient sur la page facebook du Collectif des usagers mécontents de la collecte des déchets en Dordogne.
Tous les citoyens ne se résignent pas à la disparition d’un service public. Et surtout, ils ne comprennent pas ce choix, qui a pour effet pernicieux de dissuader certains citoyens de continuer à faire le tri de leurs ordures.
A Châtellerault, la municipalité vient de renoncer aux Points d’apport volontaire, devenus des foyers de désordre et de saleté.
En Ardèche, après les élections, une communauté de communes a plus radicalement renoncé à la carte magnétique, ainsi qu’à la redevance incitative.
(*) Quelques communes ont fait le choix de conserver une collecte en porte à porte. Conséquence pécuniaire : les usagers paieront une redevance incitative plus élevée.