Les sangliers, cerfs, chevreuils et daims sont classés comme grands gibiers. Des animaux rarement bienvenus chez les agriculteurs (sauf s'ils sont chasseurs) car ils ont une fâcheuse tendance à se servir dans les cultures. Aujourd'hui ils avaient convié la Préfète à constater l'étendue des dégâts.
Ils ont de l'appétit, les grands gibiers. Et c'est ce qui désole certains agriculteurs de Dordogne. Les dégâts vont en augmentant selon eux, au point que les CRDA (organismes de Création de Dynamique Agricole) du département voulaient sensibiliser la Préfecture et lui proposer des réponses adaptées.
Les cultures les plus touchées sont les maïs et autres céréales, les prairies, vignes, vergers, silos et même les fraisiers ! Des productions envahies semble-t-il par des véritables troupeaux de 20 à 40 animaux que les clôtures ne réussissent pas à stopper.
Les chasseurs insuffisants, voire responsables des nuisances
Selon les agriculteurs, les chasseurs ne suffisent plus à limiter efficacement les grands gibiers.
Les battues administratives organisées spécialement en cas de grande dégradation n'auraient pas non plus d'impact significatif, les sociétés de chasse n'étant pas suffisamment motivées selon les agriculteurs (sauf lorsque les chasseurs sont eux-même les agriculteurs concernés).
De plus, les agriculteurs reprochent aux sociétés de chasse de ne pas se coordonner, notamment sur les parcelles en limite de leur zone.
Pis, des élevages clandestins destinés à "enrichir" les parcelles en gibier chassable seraient délibérément organisés. Il y aurait également des "agrainages" illégaux, des apports de nourriture destinés à entretenir les animaux sauvages. Les chasseurs sont enfin accusés de ralentir la chasse en période hivernale pour assurer la reproduction. Bref, ils ne "jouent pas le jeu" et n'hésiteraient pas à sacrifier les parcelles pour le plaisir de disposer de davantage de gibier. Des infractions que les agriculteurs reprochent de ne pas voir sanctionnées.
Tuberculose, indemnisation, les problèmes continuent...
Face à cela, les démarches pour obtenir un dédommagement en cas de dégâts de grands gibiers apparaissent trop contraignantes aux agriculteurs. Du coup, ils préfèrent le plus souvent renoncer à monter les dossiers.
La tuberculose bovine, problème majeur du département est véhiculée par ces gibiers. Une menace supplémentaire pour les éleveurs qui nécessiterait une réduction majeure du nombre de sangliers.
Les agriculteurs proposent des solutions :
- cartographier les zones noires les plus concernées
- obliger les chasseurs à s'activer dès le 1er juin, les responsabiliser y compris par des pénalités pour compenser les dégâts ou en cas de non atteinte des objectifs
- Autoriser le piégeage, la chasse dans les réserves et surveiller les résultats des campagnes
- éradiquer les élevages clandestins et les animaux hybrides, interdire l'agrainage et les élevages clandestins, et sanctionner durement les contrevenants
- Autoriser les agriculteurs à chasser eux-mêmes sur leurs terres
- Mettre en place des médiations locales chasseurs-agriculteurs pour éviter le manque de dialogue et les mésententes
Peu de chance que ces mesures soient appliqués dans la totalité, il n'empêche qu'il va bien falloir trouver des mesures, côté gibiers, comme du côté des chasseurs