Depuis le 4 janvier, le covid frappe durement l'Ehpad Eugène Le Roy, à Montignac, en Dordogne, et a causé la mort de neuf résidents en trois semaines. Le personnel est aussi très affecté par le virus, avec 34 salariés contaminés, soit la moitié des effectifs.
Depuis le 4 janvier, un foyer de contamination au covid-19 s'est formé au sein de l'Ehpad Eugène Le Roy de Montignac, en Dordogne. Sur les 86 résidents, 77 d'entre eux ont été testés positifs la semaine dernière. Et ce vendredi 22 janvier, une neuvième personne âgée est décédée à cause du coronavirus.
La moitié des salariés contaminés
Le virus s'est aussi fortement propagé au sein du personnel, avec 34 agents testés positifs, soit près de la moitié des effectifs. Comment assurer la prise en charge des résidents dans ces conditions ?
"Il a fallu gérer tous les soins avec un personnel limité, faire appel à des intérimaires, des bénévoles. Cela a été très soudain et très compliqué" déplore Chantal Labrousse, conseillère municipal déléguée à la santé à Montignac.
L'inquiétude des familles
Face à cette situation, les familles des résidents s'alarment, comme le souligne leur représentante Jocelyne Roux. "On est tous inquiets car cela fait pratiquement un mois qu'on ne voit plus nos parents. Les visites ont été arrêtées fin décembre, début janvier. [...] On attend avec impatience les vaccins".
La directrice de l'établissement, Honorine Bordas, leur répond : "je voudrais insister sur le dévouement des équipes, et dire aussi que je comprends la colère et l'inquiétude des familles. Je veux leur dire que l'établissement est vraiment mobilisé, qu'on fait le maximum pour sortir de cette crise, et qui nous touche tous".
L'accusation de maltraitance "perçue comme une gifle"
Dans un article de nos confrères de Sud-Ouest relatant cette situation, un élu de Montignac, tout en soulignant le "dévouement extraordinaire" du personnel, estimait que le manque d'effectifs donnait lieu à "une forme de maltraitance des personnes âgées".
Un mot "pris comme une gifle", que récuse Chantal Labrousse, qui souligne la mobilisation du personnel. "On a entendu des familles qui disaient que les patients n'étaient pas lavés, n'étaient pas nourris, ce qui est complétement faux. Tous les soins ont été assumés" ajoute l'élue.
Les chiffres sont catastrophiques, donc on ne peut pas dire que tout va bien. Mais il ne faut pas que l'heure soit à la polémique, les soignants font le nécessaire.
Elle assure qu'avec les renforts et les transferts de certains résidents vers les hôpitaux, "il n'y a plus de problème d'effectifs".
Germinal Peiro appelle au recours à la réserve sanitaire
Alors que l'Ehpad de Montignac n'est pas le seul à connaître une situation très difficile dans le département, le président du conseil départemental de la Dordogne Germinal Peiro a adressé ce jeudi une lettre au directeur général de l'ARS.
"Plusieurs EHPAD du département connaissent des taux aigus de contamination des résidents et des salariés. Deux d'entre eux ne sont plus en mesure d'assurer la prise en charge minimum des résidents (toilette - repas - change - coucher). La recherche de candidats extérieurs s'avère vaine ou inopérante. La situation y est inhumaine et irrespectueuse. Le recours à la "réserve sanitaire" doit être envisagé dans les meilleurs délais", écrit ainsi le président du département.
À lire : la lettre adressée par Germinal Peiro au directeur de l'ARS de Nouvelle-Aquitaine
→ regardez le reportage de Philippe Niccolaï et Florian Rouliès