L'arrivée de deux nuits de froid intense entre mercredi et vendredi ont été annoncées par Météo France. De quoi faire frissonner de crainte les viticulteurs dans cette période particulièrement cruciale
L'Arctique jette un froid
Des températures négatives, jusqu'à moins trois degrés dans les nuits à venir, c'est l'inquiétude dans les vignes. Désormais coutumière de ces courbes de température en yoyo, il se pourrait que la météo fasse tomber un nouveau record de froid en ce mois d'avril. En cause, une vague de froid arrivée de l’Arctique, et qui s'abat directement du Nord au Sud de la France.
À peine débourré, déjà gelé
La situation est d'autant plus périlleuse pour les viticulteurs, qu'elle succède à une période de douceur pendant laquelle la vigne commençait à sortir de son sommeil végétatif. Ce débourrement (les bourgeons perdent la bourre cotonneuse qui les protégeait du froid) précoce a rendu une partie des vignes fragile. Les bourgeons exposés ne pourraient pas survivre à 30 minutes de température négative.
L'alerte concerne la Dordogne, le Bergeracois, mais pas que. Médoc, Pauillac, Saint-Émilion, Sauternais et en règle générale tous les vignobles de coteaux sont potentiellement concernés.
Un coup d'antigel
Douceur précoce et gelées tardive, c'est le cocktail amer que les viticulteurs doivent avaler de plus en plus souvent depuis ces dernières années, et contre lequel ils tentent de s'armer avec des techniques antigel.
Bougies ou chaufferettes, bottes de foin enflammées, tours éoliennes de brassage d'air ou hélicoptère pour faire redescendre l'air chaud, aspersion d'eau pour créer une couche de glace protectrice, les méthodes sont aussi variées que complexes, parfois pas raisonnablement écologiques et le plus souvent coûteuses. Elles ne sont même pas toujours applicables selon la géographie. Conclusion le jeu n'en vaut pas toujours la chandelle et beaucoup de viticulteurs doivent se contenter d'attendre en espérant.
Ne pas brûler sans précaution
Pour les autres, il faut se conformer aux règlementations et arrêtés préfectoraux, limitant les conditions et heures d'utilisation, et les possibilité de gêne au voisinage. À ceux qui veulent tenter le brûlage, bougies, paille ou chaufferettes, solution la plus abordable, les Chambre d'Agriculture rappellent aussi l'obligation de s'abstenir en cas de fort vent, et d'obtenir une autorisation municipale préalable.
Ce sont les maires qui donnent autorisation des opérations de brûlage que les exploitants seront éventuellement amenés à effectuer pour la protection des cultures. Aussi, si des risques sont avérés dans les cultures, les exploitants qui ont l’intention d’activer des systèmes de brûlage doivent solliciter leur maire pour demander une autorisation.
Fruitiers congelés
Autre secteur qui se ronge les sangs, l'arboriculture. Depuis plusieurs jours, on peut apprécier les fruitiers en fleur, cerisiers, pommiers, poiriers et pruniers. Or, cette vague de froid polaire et le gel qui l'accompagne pourraient bien détruire la floraison, et réduire drastiquement la production de fruits. Les arboriculteurs gardent le souvenir marquant du printemps 2017 pendant lequel les productions de certaines parcelles avaient été détruites à 100%. Côté vigne, le Médoc avait été très touché, et les 2/3 du vignoble bergeracois avaient aussi été impactés, le froid s'étant abattu après un épisode humide.