En achetant cette maison en Dordogne, ce couple de retraités n'imaginait pas qu'il aurait en face de chez lui l'équivalent d'une décharge à ciel ouvert. Pour le responsable de ce dépôt d'encombrants, il ne s'agit que de stockage temporaire. Bisbille.
Décharge : nm. Emplacement où sont déposés les décombres et les immondices (Petit Larousse).
Stockage : Action de stocker, de conserver un produit en attente, en vrac ou en charge unitaire. (Petit Larousse)
Selon le point de vue, il peut s'agir de l'un ou de l'autre. Mais dans les deux cas, Christine et Jean-Pierre n'en peuvent plus de ce tas de matériaux sans cesse renouvelé devant leur maison.
Un petit coin de paradis
Cette maison, ils l'ont achetée en 2018. Un petit coin de campagne périgourdine verdoyante en bordure de l'Isle avec un patrimoine bâti à rafraîchir, une maison d'époque devant l'ancienne papeterie des Moulineaux.
Mais six mois plus tard, le plaisir est gâché. Le couple commence à voir arriver des engins qui déchargent des encombrants sur la parcelle voisine. Et depuis, tuiles, bois, tubes de métal, bidons, gravats, baignoires ou casiers, c'est une mini-déchetterie qui s'est invitée à quelques mètres de leur propriété.
Risque de pollution
Il faut dire que la vue de ces tas de ferraille, machine à laver ou gravats n'est non seulement pas esthétique, mais le couple craint également qu'il soit polluant si des produits se déversent et se répandent, notamment en cas d'inondation.
Rien d'illégal ?
Sauf que, à priori, l'activité n'est pas illégale. Ces tas d'encombrants sont entreposés là par une société girondine de démolition, propriétaire des lieux, en attente de les évacuer ou de les recycler vers les marchands de ferraille ou déchetterie. Activité normale d'un artisan agréé.
La mairie ne s'engage pas
Sollicitée, la municipalité de Montpon-Ménestérol s'est rendue sur place en septembre dernier. Mais après avoir vu les lieux, la maire Rozenn Rouiller se refuse à user de son droit de police comme l'y autorise l'article L. 541-3 du code de l'environnement. Si elle le faisait, elle pourrait ordonner au détenteur de ces objets de s'en défaire dans les conditions prévues par la réglementation en vigueur.
Sauf que selon elle, il n'y a pas mise en cause de l'ordre public. La gêne est essentiellement "esthétique" et ne justifie donc pas l'intervention de la mairie. De plus, elle affirme que cette démarche serait vaine car l'expérience montre que les précédents ont été systématiquement déboutés par le Tribunal Administratif.
Parcours du combattant
Après ce refus, et après avoir en vain fait signer une pétition et alerté le Procureur de la République, le couple s'est tourné vers la Préfecture de Dordogne. Cette dernière l'a invité à s'adresser aux services compétents, à savoir la Direction Régionale de l’Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL). Un parcours du combattant auquel le couple de retraités ne s'attendait pas en achetant leur petite propriété en Périgord.