La pluie a beau faire son retour en Dordogne, la sécheresse continue d'avoir de graves conséquences. C'est en tout ce qu'affirme le maire de La Chapelle-Gonaguet, qui a déjà recensé sur sa commune une vingtaine de maisons fissurées, rendant certaines quasi inhabitables.
"Ça ne se voyait pas avant mais maintenant c'est comme le nez au milieu de la figure". C'est avec un mélange d'incrédulité et de colère qu'Andrée Gonçalves, 84 ans, nous montre les multiples fissures qui tailladent le pan de mur de sa maison. Elle en découvre même une nouvelle ce jour là, qui descend le long de la gouttière.
Andrée Gonçalves et son mari, tout juste retraité, se sont installés il y a une dizaine d'années à La Chapelle-Gonaguet, à une douzaine de kilomètres de Périgueux. Son époux aujourd'hui décédé, elle est seule dans cette maison qui vacille.
Depuis cinq ans, le problème est tel qu'il rend certaines pièces de sa maison quasi inhabitables. Une fenêtre qui ne ferme plus, des fissures qui laissent passer le jour, Andrée Gonçalves ne peut plus occuper ce qui fut sa chambre pendant plusieurs années.
Elle est aujourd'hui dans une impasse. Sa maison parait invendable en l'état, et les travaux de réparation coûteraient au moins plusieurs dizaines de milliers d'euros. Or, son assurance ne veut pas prendre en charge la rénovation tant que n'est pas reconnu l'état de catastrophe naturelle.
La sécheresse mise en cause
C'est justement le combat du maire de la commune. En 2016 et 2018 déjà, la municipalité avait tenté, en vain, de faire reconnaitre la sécheresse comme catastrophe naturelle. Franck Moissat va constituer un nouveau dossier d'ici janvier pour l'année 2019. Une année où la Dordogne a connu un printemps et un été particulièrement secs.
Or, cette absence de précipitations combinée à de fortes chaleurs font particulièrement travailler les sols argileux, très sensibles aux changements de température et aux variations hydriques. Après la canicule de 2003 déjà, près de 4500 foyers de Dordogne avaient subi des fissures sur le bâti de leur maison.
À La Chapelle-Gonaguet, une vingtaine de foyers se sont déjà déclarés, soit 5% de la population totale de la commune. La demande de reconnaissance d'état de catastrophe naturelle ne sera instruite par le ministère de l'Intérieur qu'au premier semestre 2020. Peut-être la fin du cauchemar pour Andrée Gonçalves et les autres sinistrés de la sécheresse.Pour obtenir cette déclaration, il faut que cette sécheresse soit considérée comme anormale. La problématique c'est qu'aujourd'hui, avec le réchauffement climatique, les sécheresses se multiplient et deviennent presque la norme. La difficulté est donc de faire reconnaître le caractère exceptionnel d'une sécheresse.
- Franck Moissat, maire de La Chapelle-Gonaguet
-> Reportage de France 3 Périgords - Maria Laforcade et Florian Rouliès