Ouverture de la chasse au grand gibier l'été, un sujet explosif

La chasse au grands gibiers sangliers, chevreuils et renards a été anticipée au premier juin. Objectif, permettre aux chasseurs de réduire la prolifération de ces espèces. Une décision qui ne suffit pas aux agriculteurs, et qui passe mal auprès du grand public et des ligues de protection animale

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À l'heure où une partie croissante de la population appelle à l'émergence d'un nouveau monde, en accord avec l'environnement et respectueuse de la nature, la chasse fait partie des sujets qui fâchent. Dans ce contexte, allonger la période de chasse pour qu'elle soit autorisée dès le début de l'été équivaut à mettre le feu aux poudres. 

La maîtrise des populations de grand gibier et notamment du sanglier, "enjeu de premier ordre" 

C'est pourtant ce qu'a fait le gouvernement en autorisant cette pratique dès le 1er juin 2020. Le décret « relatif à la maîtrise des populations de grand gibier et de leurs dégâts » se propose de réduire les dommages agricoles dus au grand gibier. Des dégâts en hausse et concentrés sur 15 % du territoire qui représenteraient environ 30 millions d’euros par an. Le nombre de sangliers, grand amateur de champs de maïs, a fortement augmenté dans de nombreux départements français. Et l'effet confinement qui leur a procuré une grande et inhabituelle tranquilité a permis à la faune sauvage de se régénérer encore davantage. 

L'ouverture de la chasse au 1er juin, pas une nouveauté

L'ouverture générale de la saison de chasse débute généralement en septembre. Mais la possibilité de chasser à partir du 1er juin sous réserve d’obtenir une autorisation individuelle préfectorale de chasse anticipée existe depuis 1993 dans toute la France. En Dordogne d'ailleurs, pour faire face aux sangliers, la saison de chasse aurait du commencer dès le 15 août.

Les dégâts aux cultures

C'est l'argument majeur des partisans de la chasse aux gros gibier. Réguler les populations d'animaux trop nombreux qui s'en prennent aux cultures et à l'élevage a historiquement été le rôle des chasseurs. En Dordogne, dont les près de 20 000 titulaires d'un permis de chasse en font l'un des départements les plus chasseurs de France, la Fédération de Chasse avance des chiffres : 

Le coût de l’indemnisation des dégâts infligés aux cultures sur la saison 2018/2019 était de 483 050€, auquel il faut ajouter les coûts liés à la prévention des dégâts : 832 360€. 
Au total l’enveloppe dédiée aux dégâts de grand gibier était de 1 315 410€ pendant la saison dernière. Et pour la saison 2019/2020 en cours, ils s'élèveraient déjà à plus de 240 000€ d’indemnisation.

Les chasseurs accusés de favoriser la prolifération du gibier

Dans l'hexagone, les chasseurs abattent chaque année pendant la période de chasse 500 000 sangliers, soit 1300 sangliers par jour. Or la population ne cesse d'augmenter.

Un mystère auquel la Ligue de Protection des Oiseaux apporte une réponse simple : la responsabilité en revient aux chasseurs à l'origine de la prolifération de ce gibier destructeur. Selon elle, « tout a été fait au cours des cinquante dernières années pour favoriser la prolifération de l’espèce en France », en procédant en particulier au « nourrissage, préservation des laies reproductrices, lâcher d’individus élevés en captivité, importation des pays de l’Est, chasse en enclos, hybridation avec le cochon. » Accusation relayée par de nombreuses associations écologistes qui dénoncent en outre le peu d'empressement des pouvoirs publics à punir ces actes illégaux.

Le loup plutôt que le chasseur

La solution avancée par la LPO et plusieurs naturalistes, arrêter ce système pervers par plus de répression envers ceux qui encourageraient la prolifération, laisser se développer les prédateurs naturels (les loups) pour qu'ils reprennent leur rôle de régulateur, et revoir le mode de production agricole intensif qui encourage l’expansion continue des productions céréalières, en particulier du maïs, très apprécié par les sangliers.

Débats violents

Le moins que l'on puisse dire, c'est que le débat n'est pas apaisé. Témoin, le naturaliste Pierre Rigaux, fervent opposant à l'ouverture anticipée de la chasse qui estime que  "la période de chasse ordinaire de septembre à février-mars suffit amplement. Il est aberrant d'autoriser la chasse en période de reproduction, qui plus est dans un contexte où la faune sera logiquement perturbée par le retour de la présence humaine". Et qui dénonce la "vaste hypocrisie" des chasseurs qui ont intérêt à se voir multiplier le nombre de sangliers.Une attitude qui lui a valu selon lui d'être menacé de mort...

 

 

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