Corollaire du retour des voitures sur les routes après le confinement, les radars automatiques sont à nouveau la cible des automobilistes récalcitrants à cette forme de répression. En Dordogne, trois radars (au moins) ont été repeints, ce qui a le don d'ulcérer le préfet
Une amende de 45000 euros et 3 ans d’emprisonnement, voilà ce que peut coûter la destruction, la détérioration ou la dégradation d'un bien public. Dans le top 5 des biens publics visés, le radar fait partie des cibles privilégiées. Il faut dire qu'il cristalise le mécontentement des automobilistes tout en offrant l'avantage d'être fixe et isolé. Une proie facile.
Empaquetés, incendiés, percutés, poussés, enrubannés de pneus, poubelles ou sacs plastiques, la méthode la plus efficace et peu coûteuse pour neutraliser un radar reste un rapide coup de bombe de peinture. Quelques minutes et quelques centimes, et voilà l'instrument hors d'usage. Le temps que les sociétés privées qui gèrent la fourniture, l'installation, la maintenance et même l'édition des contraventions fassent la remise en état, le vandale a paralysé le système.
Mais c'est une goutte d'eau dans l'océan. Les radars fixes rapportent plus d'un milliard d'euros à l'État pour une dépense annuelle d'environ 250 millions. Somme qui retombe en grande partie dans les poches des sociétés privées sus-nommées, via des concessions. C'est le cas notamment pour la société Atos qui se charge de la gestion du centre national des PV de Rennes et pour Safran, fabriquant de radars. Pas de souci à se faire, donc, pour la remise en état des appareils dégradés, les opérateurs privés comme l'État ont tout intérêt à ce qu'ils fonctionnent tous, pleinement et rapidement.
Reste que ces réparations ont un coût, évidemment facturé par les opérateurs privés, et prélevés sur la recette des radars. Le nettoyage d'un tag ou le remplacement d'une vitre brisée coûte en moyenne 500 euros, il faut jusqu'à 80 000 euros pour remplacer un radar fixe et jusqu'à 200 000 euros pour un radar tronçon.
L'argent... et la sécurité
Il y a surtout, martelle la préfecture, qu'un radar inutilisable n'a plus d'effet dissuasif pour limiter les ardeurs des chauffards. Il en va donc de la sécurité routière. Et c'est bien ce qui énerve Frédéric Périssat, préfet de Dordogne. Bien que les accidents soient en baisse notable depuis le confinement (5 morts depuis le début de l'année contre 13 à la même époque l'an passé), le déconfinement fait repartir les chiffres de l'accidentologie à la hausse.
3 radars repeints en Dordogne
Après la découverte de ces trois nouveaux radars vandalisés en Dordogne, alors que le phénomène s'était arrêté depuis le confinement, Frédéric Périssat a annoncé qu'il allait "s'occuper personnellement de cette affaire". Il a notamment annoncé un contrôle renforcé autour des radars existants, et l'installation de nouveaux radars surélevés.
Il faudra peut-être aussi regarder de plus près qui serait à l'origine de ces dégradations, situées sur une distance d'une centaine de kilomètres entre Vélines et Lamonzie St Martin, en passant par Douville. La méthode étant la même, le coup de la peinture, l'auteur est peut-être une seule et unique personne empruntant ce trajet.
L'an dernier, un sérial tagueur arrêté par la gendarmerie
En août dernier, l'homme, interpellé au petit matin en flagrant délit une bombe à la main, avait reconnu avoir tagué 9 radars des environs
Les radars mobiles, bien utilisés, peuvent devenir vite très rentables.
Illustration près de Périgueux où ce radar inhabituel sur un axe très fréquenté limité à 50 à l'heure avait fait un véritable "carton"
Dordogne : un radar flashe 500 fois au même endroit en moins de cinq heures https://t.co/AQ1dUjjL4P pic.twitter.com/cjT9ivVhPq
— franceinfo (@franceinfo) September 18, 2017