Sur les 142 vétérinaires de Dordogne, seuls 23 assurent les tournées rurales. A l'instar des déserts médicaux humains, la désertification médicale menace également le milieu animal, avec des vétérinaires de plus en plus âgés et trop peu souvent remplacés lorsque l'heure de la retraite a sonné
Un véritable sacerdoce. Les vétérinaires ruraux savent généralement à quoi ils s'exposent en embrassant la carrière. Des milliers de kilomètres à l'année, des permanences et une disponibilité jour et nuit, des urgences perpétuelles et un métier souvent très physique. Auquel s'ajoute l'effet "paperasse et contraintes administratives" bien connu de tous les libéraux, toujours plus gourmand en temps et en énergie.
Et du côté des exploitants agricoles, faute de trésorerie suffisante, le recours aux vétérinaires s'effectue parfois plus dans l'urgence que dans la prévention, mettant le vétérinaire face à des cas souvent difficiles. Quand ces derniers ne voient pas le vétérinaire uniquement en cas de "mauvais coup", épidémies, crises sanitaires.
Depuis quelques années, les difficultés de ce métier ont entraîné une véritable crise de vocation. Depuis le début des années 2 000, les vétérinaires s'orientent de plus en plus majoritairement vers les filières "animaux de compagnie". En clair, beaucoup plus de vétérinaires pour soigner chats et chiens que veaux et poulets.
En Dordogne pourtant terre rurale, il n'y a que 23 vétérinaires ruraux contre 104 vétérinaires spécialisés chiens et chats.
Un phénomène de désamour des jeunes praticiens qui fait que les anciens vétérinaires ruraux ne sont plus remplacés. Le secteur de Dordogne le plus touché est le sud. Un endroit où l'éparpillement des différentes exploitation joue aussi un rôle dissuasif pour les futurs installés.
Réunis la semaine dernière, les vétérinaires du département ont débattu en compagnie du Président du département, Germinal Peiro, sensibilisé à la question. Un constat : l'élevage de qualité ne peut survivre en Dordogne qu'en présence suffisante de vétérinaires. Et des propositions pour sortir de l'impasse : des tutorats spécifiques pour encourager les futurs professionnels dans les secteurs les plus demandés, assortis d'une sorte de "bourse incitative" pour des vétérinaires stagiaires qui s'engageraient à rester dans le département à l'issue de leurs études.
Une autre idée pour la cohésion du territoire, la mise en place d'une plateforme d'urgence pour les appels téléphoniques.