Samedi 15 juin, l'association des mécontents de la collecte des déchets en Dordogne a appelé au rassemblement à Périgueux, pour s'opposer au système de collecte mis en place. Elle demande le retrait des points d'apport volontaires.
À première vue, l'objectif était louable. Diminuer la quantité de déchets dans le département de la Dordogne par l'installation de poubelles partagées et l'instauration d'une redevance incitative. Mais deux ans après la mise en place du dispositif, les habitants sont loin de saluer ce système de collecte. "On doit payer une redevance pour faire le travail de ceux qui sont payés pour ça", peste Audrey Landrieau, une habitante venue manifester à l'appel de l'Association des mécontents de la collecte des déchets en Dordogne (Amcodd).
Un système injuste
Selon les explications du SMD3, le syndicat en charge des déchets dans le département, la redevance incitative remplace l'ancienne taxe d'enlèvement des ordures ménagères. Elle serait "plus juste que la taxe actuelle, puisque la facturation sera en lien avec la production de déchets (ordures ménagères, emballages, papiers, verres, cartons et accès en déchèteries) des usagers". Le calcul de cette taxe se décompose en deux parties : d'abord un abonnement annuel et un forfait de base calculé en fonction de la composition du foyer, puis une part variable, appliquée pour l'enlèvement des déchets en cas de dépassement du forfait.
Dorénavant, les habitants doivent donc se déplacer jusqu'aux différents points d'apport volontaires pour déposer eux-mêmes leurs déchets dans les conteneurs réservés. Une nouveauté perçue comme contraignante, notamment pour les personnes âgées et les jeunes parents. "On est obligés de se véhiculer pour sortir les déchets, déplore une habitante de la commune de Bouniagues venue manifester ce samedi 15 juin, à Périgueux. Je sollicite mon conjoint, mais toute seule, il faudrait mettre le bébé dans le véhicule, faire deux minutes de route et c'est complètement embêtant quoi."
Moi j'habite en HLM, j'ai 80 ans je peux presque pas marcher, c'est pas très facile.
Un habitant
Dépôt sauvage
D'autant plus que certaines familles produisent plus de déchets que d'autres, mais sont contraintes par un nombre d'ouvertures de conteneurs limités. Depuis l'arrivée de son bébé, la jeune maman dit produire "une poubelle de plus par semaine". "Il a fallu contacter le SMD3 pour mettre à jour le foyer fiscal et là, on attend de savoir combien d'ouvertures supplémentaires, on pourra faire. J'imagine que ce ne sera pas suffisant, ça ne l'était déjà pas avant."
Pour respecter les conditions qui leur sont imposées, les habitants sont parfois obligés "de garder les ordures chez eux pendant un long moment". "Si c'est du poisson, ça sent très mauvais... Ce n'est pas très juste, je pense à ceux qui sont en appartement, comment ils font ?", argue Véronique Barthalon, habitante d'Auriac-du-Périgord.
Devant les conteneurs, souvent pleins, les sacs de poubelles affluent et les dépôts sauvages se multiplient. "Quand je me rends au point d'apport volontaire, c'est dégueulasse, il y en a partout", relève une manifestante Chantal Blanchin. "Je connais des personnes qui ont reçu des amendes, car ils avaient laissé leur poubelle devant quand leur conteneur était plein", regrette Audrey Landrieau.
Retrait
Ce samedi 15 juin donc, 500 personnes sont mobilisées pour demander le retrait des points d'apport volontaires et de la redevance incitative, avec un retour du porte-à-porte.
Moi, la redevance incitative, si elle est vraiment incitative, je suis pour. Mais là, on paye l'abonnement et on paye un nombre de levées, qu'on les fasse ou non. Ce n'est pas très juste.
Véronique Barthalonhabitante d'Auriac-du-Périgord
Au 1ᵉʳ janvier, le système a par ailleurs enregistré une nouvelle hausse du tarif. À Périgueux, 30 à 45 % des habitants de Périgueux ne sont pas inscrits au SMD3.
"Peut-être que je n'aurais pas dû le faire non plus, là ça fait deux fois que je paye, ça fait 500 euros en deux ans de poubelle", pointe Chantal Blanchin. De son côté, le SMD3 se targue d'une réduction de 30 à 40 % des ordures ménagères. Un argument qui ne suffit pas pour l'Amcood, qui vient de déposer deux recours devant le tribunal administratif de Bordeaux.