Collecte des déchets : très mal acceptée, la redevance incitative va encore augmenter de 5,6 % en Dordogne

La redevance incitative, qui remplace depuis un an la taxe d'enlèvement des ordures ménagères, passe mal en Périgord. Les foyers qui doivent maintenant déposer eux-mêmes leurs ordures à la benne, ont déjà vu leur facture s'envoler. Une nouvelle augmentation conséquente est prévue à la rentrée

Faire ramasser ses ordures va coûter encore plus cher, et le SMD3, Syndicat Mixte des Déchets de la Dordogne, assume. Au premier janvier 2024, il augmentera la facture de la redevance incitative de 5,6 % en moyenne. Une association d'opposants assure que l'augmentation pourrait même atteindre 6,23 % pour les foyers de sept personnes et plus.

La décision a été prise fin novembre par le SMD3, pour compenser l'inflation généralisée des carburants et de l'électricité. Le SMD3 assure s'être strictement aligné sur cette hausse, qui a doublé ses dépenses. L'an dernier, le budget carburant a augmenté de 800 000 euros pour les 150 camions qui tournent chaque jour, et le budget électricité, consommée en grande partie par le centre de tri, est passé de 900 000 euros à 1,8 million d'euros. Le SMD3 n'est financé que par la redevance qu'il perçoit et il est en plus ponctionné par l'État qui prélève une taxe générale sur les activités polluantes. Des coups qu'il répercute donc sur la poubelle des ménages...

Un bon bilan... selon le SMD3

La majorité des communes de Dordogne est désormais soumise à cette nouvelle formule. Les autres, comme à Bergerac, le seront prochainement. Seul le Périgord noir, dont les déchets ne sont pas gérés par le SMD3 y échappent. Le SMD3 assure que cette mise en place a permis de réduire de 42 à 43% la quantité de déchets non recyclables. Les plus coûteux à incinérer ou à enfouir. Le but est donc atteint, ce qui permet de n'augmenter "que" de 5,6 % la taxe cette année.

Si on était resté à la TOM (Taxe sur les Ordures Ménagères), on aurait augmenté de 25%.

Pascal Protano, président du SMD3

Matinale France Bleu / France 3, mardi 5 décembre

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Le président du SMD3 justifie une hausse limitée à 5,6 % de la redevance incitative de traitement des déchets ©France télévisions

Prendre de l'avance

La réforme préfigure ce qui devra être la norme française. "C'est un système qui va être national.", rappelait le président du SMD3 Pascal Protano dans Ici Matin. "Dans deux ans de ça, 80 % du territoire national sera dans le même système que le nôtre."

Une réforme qui passe toujours mal

Précurseurs, certes, mais en Dordogne, la redevance incitative n'a toujours pas été digérée. Elle est censée pousser les foyers à réduire leur quantité de déchets non recyclables, en incitant au tri par la taxation des excédents de sacs noirs. Elle s'accompagne aussi d'un arrêt de la collecte à domicile, très préjudiciable aux personnes âgées ou isolées en zone rurale.
Conséquence, des conteneurs "d'apports volontaires" à carte vandalisés, des dépôts d'ordure sauvages devant les bacs, des usagers obligés de faire appel à la bonne volonté des voisins ou des aides à domicile pour évacuer les ordures qui s'accumulent. Pour la majorité, y compris ceux qui gèrent intelligemment leurs déchets, la facture du forfait de base s'est enflammée.

Un courant de rébellion

"On attend des administrés qu'il y ait un petit progrès en ayant un petit peu moins d'acte d'incivilité" euphémise Pascal Protano, reconnaissant à contrecœur les dépôts sauvages et vandalisation des conteneurs de la discorde. "Pour la dégradation des bornes, il y en a pour 250 000 euros", complète-t-il. Sans oublier les 30 agents et 30 véhicules chargés de ramasser les dépôts sauvages.

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Le président du SMD3 salue les effets de la redevance sur le tri, et déplore les "incivilités" qui gâchent le système ©France 3 Périgords - Émilie Bersars & Anne-Laure Meyrignac

Les dépôts sauvages, ce sont souvent certains par rébellion. Il y a des personnes aussi qui font des dépôts sauvages parce qu'ils n'ont pas pris la carte du SMD3.

Pascal Protano

Président du SMD3

Une aide pour les couches

Parmi les plus critiques envers ce système, les personnes incontinentes qui, bien malgré elles, produisent plus de déchets non recyclables que les autres. Jusqu'à un sac de couches, soit 5 euros de taxation supplémentaire par jour, dans certains cas. Pour elles, ce 5 décembre sur l'antenne de France Bleu/ France 3 Périgord, le président du SMD3 a annoncé la mise en place en 2024 d'un "fonds de solidarité" leur permettant de ne pas payer de dépassement. L'opération devrait passer par le Conseil Départemental dont la compétence sociale lui permet, contrairement au SMD3, de recenser les personnes concernées. Question, cette exemption concernera-t-elle aussi les parents de jeunes enfants dans la même situation ?

Problème de compost

Autre demande que le SMD3 dit avoir entendue, celle des usagers en appartement qui ne pouvaient pas composter leurs déchets biodégradables à domicile. Difficile d'attendre en appartement qu'un sac de 60 litres de déchets organiques soit plein pour aller le jeter. Pour eux, des demi-bacs de trente litres permettent de déposer l'équivalent d'un demi-passage. Pour tous les autres mécontents, à commencer par ceux des zones rurales isolées, qu'ils soient âgés, handicapés, ou sans moyens de transports, contraints à se déplacer pour porter eux-mêmes leurs déchets aux conteneurs, pas de réponse précise.

Un nouveau centre de tri

Enfin, le SMD3 doit faire face à un nouveau problème qu'il a lui-même généré : l'augmentation des déchets recyclables. En arrêtant de jeter le recyclable dans les sacs noir, les Périgourdins ont considérablement augmenté la quantité de sacs jaunes. 42% de déchets ultimes en moins, ce sont 42% à recycler en plus. C'était le but recherché, mais il faut maintenant s'occuper de ces déchets.
Un nouveau centre de tri s'en chargera, il sera installé à Coulounieix-Chamiers, face à l'actuel siège du SMD3. Le bâtiment à 800 000 euros, d'une superficie de 2 000 m², doublera la capacité des deux centres de tri actuels qu'il remplacera. Il pourra traiter 48 000 tonnes de sacs jaunes à l'année.

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