Sortez les pelles et les râteaux, le printemps arrive ! Une horticultrice hollandaise, installée en Périgord vous livre ses secrets pour un jardin printanier florissant et épanoui, tout en restant bio
Esse est une agricultrice périgourdine pas comme les autres : à Saint-Paul-la-Roche, elle exploite une ferme florale biologique. Esse Disco est née en à Amsterdam, le pays des tulipes et le plus gros producteur européen de fleurs coupées. Un pays qu'elle a quitté en 2015 pour pouvoir cultiver pleinement ses deux passions : les chevaux et les fleurs. En 2020, elle se consacre totalement à sa ferme florale, un projet né pendant le premier confinement.
Fleurs naturelles
L'objectif d'Esse devrait être celui de tout horticulteur amateur : transmettre la beauté de la nature sauvage avec des fleurs et des végétaux de saison, cultivés dans le respect de l’homme, des animaux et de l’environnement. Des concepts liés au Slow-Flower, qui considère que les fleurs, comme le reste, doivent passer par une production-consommation locale et éthique.
Sur 800 mètres carrés, Esse a créé un jardin pour les plantes annuelles, un autre pour les plantes bisannuelles, un troisième pour les vivaces. Le dernier est réservé au jardin de printemps. Son premier secret pour des plantes pleines de vie : laisser faire la nature. Ici, on ne laboure pas le sol, on l'enrichit.
Paillez et compostez
Feuilles, compost, fougères, crottins de cheval sont déversés à même le sol, attirant toute une faune souterraine. "En décembre, je mets du crottin de cheval, du compost, une couche de paille et après, je mets cette bâche" explique la productrice. "Comme ça, toutes les petites bêtes de notre sol vont chercher cette nourriture-là". Un sol grouillant, où se multiplient les micro-organismes et les bactéries. Une vie qui, mois après mois, enrichit le sol, le rend plus fertile. Les sols recouverts pendant l'hiver, facilitent le travail des vers de terre et réduisent la prolifération des mauvaises herbes. Durant la saison de culture, le paillage assure une humidité constante.
Pas d'apport chimique
Dans ce sol plein de vie, les plantes trouvent les nutriments dont elles ont besoin, sans aucun apport chimique. Un principe que l'on retrouve dans la permaculture ou le Soil Food Web. Les plantes, qui peuvent puiser ce dont elles ont besoin, sont mieux nourries. Elles deviennent plus résistantes au rachitisme, à l'anémie et aux parasites de toute sorte. Cela permet de réduire, voire de supprimer totalement comme c'est le cas ici, les besoins en apports de pesticides et en engrais des cultures conventionnelles.
Réservez des espaces aux insectes
Reste le problème des "nuisibles", amateurs de belles plantes comme tant d'autres. La solution d'Esse : leur remplir la panse. Elle a sacrifié pour cela des espaces environnants, des jachères " où les insectes ne sont pas dérangés et peuvent trouver leur bonheur ". Un arrangement bon pour la biodiversité, salvateur pour les fleurs.
Quelques pucerons obstinés s'acharnent néanmoins toujours sur ses fleurs. Deuxième solution : produire davantage et accepter de sacrifier une partie de sa production au bien-être animal. Ce sacrifice consenti lui laisse malgré tout largement de quoi remplir ses paniers.
Prenez de l'avance
Contrairement aux citadins qui n'envahissent les jardineries qu'aux premiers rayons du soleil, la cultivatrice prépare son jardin bien à l'avance, tous les jours de l'année, y compris l'hiver. Semis, préparation des sols, boutures, un jardin réussi est un jardin planifié, préparé, de la graine à la fleur. Ce n'est pas parce que la nature fait tout qu'on ne doit rien faire.
Jouez la variété
Autre recette de cette agricultrice d'un nouveau genre, cultiver la diversité. Pas de monoculture, de la variété. L'assortiment lui permet de proposer des bouquets de fleurs fraiches de saison, mais aussi des fleurs séchées ou encore des couronnes destinées à la décoration intérieure en jouant sur les formes et les couleurs.
Les espèces sont variées, mais adaptées aux conditions du cru. Pour un bouquet fleuri responsable, il s'agit d'obtenir localement une alternative aux œillets, lys ou roses, poussées dans des serres chauffées aux Pays-Bas ou dopées aux hormones en Éthiopie, au Kenya et en Amérique du Sud, pas de rivaliser avec un exotisme hors-sol.
Faites le déplacement
Lapalissade : pour profiter des fleurs locales d'Esse, il faut être sur place. Et mieux encore, sur le marché de Thiviers, en Périgord vert, le samedi matin. Pour pratiquer ces méthodes chez vous, vous pouvez aussi effectuer un stage dans sa ferme florale. Enfin, si vous cherchez des fleurs locales ailleurs qu'en Périgord (mais toujours cultivées près de chez vous, on est d'accord ?), visitez le site du collectif de la fleur française.