C'est un impressionnant véhicule polyvalent qui équipe progressivement les gendarmes de métropole et d'outre-mer en remplacement du précédent blindé, vieux de 50 ans. Concentré de puissance et de technologie.
Presque 4 m de haut pour 3 m de large, 7,5 m de long pour un poids de 14,5 tonnes, 100 km/h et 10 personnes à bord, ce sont des engins impressionnants qui viennent de débarquer à l'école de gendarmerie de Saint-Astier, en Dordogne. Périgueux reçoit trois de ces engins multitâches, capables d'opérer aussi bien sur un théâtre de catastrophe naturelle que d'émeute et même de guerre. Pour l'occasion, le centre de gendarmerie de Saint-Astier avait organisé un exercice de démonstration.
Multitâches, civiles ou pas
"Cyclones, tempêtes, inondations, et ensuite catastrophes nucléaires, bactériologiques, chimiques", énumère le major Franck Surjet, chef de section des moyens d'appui spécialisés. "Il est en mesure d'intervenir pour secourir la population." Mais ce n'est là qu'une toute petite fraction de ses possibilités, qui vont du secours à la personne à l'intervention par temps de guerre.
Poids lourd alsacien
Ce Centaure aux dimensions d'un poids lourd vient remplacer le VBRG, Véhicule Blindé à Roues de la Gendarmerie, qui équipait les casernes françaises depuis maintenant 50 ans. À l'étude depuis 2021, ce nouveau véhicule est fabriqué en Alsace, par l'entreprise française Soframe. Il remplace progressivement le VBRG sur l'ensemble du territoire métropolitain et en outre-mer depuis 2022. Il est affecté aux escadrons de gendarmerie mobile, antennes GIGN, Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie, etc. pour tout type d'opération sur tout type de terrain.
Un blindé surdimensionné
Nettement plus haut que son prédécesseur (3,82 mètres au lieu de 2), plus long (7,50 mètres au lieu de 6) et plus lourd (14,5 tonnes au lieu de 10), le Centaure est également équipé d'une technologie de pointe complexe qu'il faut s'approprier. Pour cela, les gendarmes organisent désormais plusieurs stages chaque année et se sont dotés d'un simulateur de conduite spécifique.
Des Centaures attendus
Le VRBG qui équipait le Groupement Blindé de Gendarmerie Mobile avait été déployé en 1974, et n'avait que peu évolué depuis. Les 90 nouveaux véhicules seront répartis jusqu'à la fin 2025 pour un tiers en Ile-de-France, pour un autre tiers dans les zones de défense et de sécurité de métropole, et pour le reste en outre-mer. Une répartition plus uniforme pour intervenir rapidement sur l'ensemble du territoire, une leçon tirée des manifestations de 2023. Périgueux se voit pour sa part doté de trois de ces véhicules.
Blindé de technologie et multitâche
Les centaures mettent à profit toutes les dernières innovations technologiques pour réaliser plusieurs fonctions :
- Protection de la population : sa capacité de franchissement et son étanchéité lui permettent d'intervenir sur des zones d'accès difficile après une catastrophe naturelle, un accident chimique, bactériologique, etc.
- maintien de l'ordre : il est équipé pour les dégagements de terrain et la protection des unités de gendarmerie en intervention, notamment contre les tirs grâce à son blindage. Un micro détecteur de tirs couplé à un écran lui permet de situer précisément la position d'un tireur ennemi.
- observation : les appareils "optroniques" combinant optique et électronique lui octroie une vue à 360°, un zoom lui permet de voir à 9 km, un projecteur puissant et une caméra thermique sont prévus pour les opérations nocturnes. Conduits par trois opérateurs, pilote et chef d’engin à l’avant et observateur-tireur à l'arrière, ils peuvent être épaulés par des drones d'observation.
Vision profonde
Dans le cadre d'une personne isolée, on va pouvoir détecter s'il y a une présence au niveau de la thermie !
Major Franck Surjet
Bref, un véhicule qui voit tout, tout le temps, c'est un allié précieux pour les gendarmes, par exemple lors d'une manifestation agitée. "C'est le brouillard, avec les tirs de lacrymogène de mes camarades... la thermie permet de déceler les personnes dans cette situation-là, de nuit également, c'est assez utile", détaille le major Surjet. "Également sur des véhicules à l'arrêt. À l'arrêt, on voit tout de suite les sources de chaleur, donc ça permet de voir, pour des malfaiteurs, si le véhicule a tourné ou pas."
Civil, mais aussi militaire si besoin
Pour l'aspect dissuasif, une alarme sonore stridente se couple avec des haut-parleurs puissants pour lancer des sommations. Selon le niveau de menace, il peut aussi lancer des projectiles type grenades lacrymogènes. En zone de guerre, il peut être équipé d'armes plus létales de type militaire comme une mitrailleuse 7,62 mm actionnable à distance.
Il est d'ailleurs prévu pour toute sorte d'agression avec sa protection NRBC (Nucléaire, Radiologique, Biologique et Chimique), puisqu'il est étanche, pressurisé et capable de filtrer un air contaminé. Et la liste ne s'arrête pas là, le véhicule est conçu pour évoluer en même temps que la technologie du moment. Sa conception modulaire lui permettrait aussi bien d'accueillir une plate-forme porte-drones, qu'un radar ou un brouilleur, selon les besoins.