Dordogne : le chanteur occitan Joan-Pau Verdier est décédé

Chanteur, artiste, animateur radio, Joan-Pau Verdier est mort à l'âge de 73 ans. Né à Périgueux, il était un ardent défenseur de la cause occitane. 

Né en Dordogne, Joan-Pau Verdier est décédé la nuit dernière des suites d'une longue maladie. Artiste reconnu de tous et avant tout de son pays natal il avait notamment participé à la création de la Fédération anarchiste-communiste d'Occitanie (FACO) à la fin des années 60. "C’est le Périgord qui perd un de ses enfants qui lui ressemblait le plus, un de ses plus grands artistes du XX° siècle", explique Martial Peyrouny qui a longtemps travaillé avec lui.

"C’est dans les quartiers populaires de la ville qu’il a grandi", raconte Martial Peyrouny." C’est rue du Lys qu’il a appris à aimer et respecter le peuple ouvrier, c’est aussi là que s’est aiguisé son idéal anarchiste au contact des réfugiés espagnols qui avaient fui le franquisme. Dans cette enfance périgourdine c’est auprès de son grand-père qu’il a découvert la langue d’oc qu’il ne trahira jamais. Et c’est à dans ces jeunes années qu’il allait au CAP avec son père voir les gloires de l’époque jouer au rugby, sport qu’il a aimé pratiqué. Il fait son collège et son lycée à Bertran de Born. Régulièrement prix d’excellence il fréquente les mêmes bancs que Michel Chadeuil avec qui plus tard il composera parmi ses plus belles chansons occitanes. A l’époque au lycée il y a aussi Xavier Darcos, qu’il ne fréquente pas, mais aussi François Dubet avec qui il crée un groupe de rock « les fourbes ». Après le bac il part à la fac de lettres. Sa place de surveillant assure l’intendance, mais à l’université il préfère les caves où il chante de plus en plus".

Engagé, libertaire, Joan-Pau Verdier était un artiste. "Après, est venue la « montée » à Paris, la signature chez Philips, les scènes nationales, la reconnaissance des médias de l’époque", raconte Martial Peyrouny. Joan Pau Verdier a enregistré son premier disque en 1973. "A l’époque il n’y a avait qu’une chaine de tv, et la radio était tenue de près. Et pourtant il va porter notre langue, nos langues puisqu’il chantait également en français, partout sur le territoire. Il faut réécouter « ma république à moi », « sei una puta », et tant d’autres chansons dans les deux langues. L’album « Tabou-le-chat » entièrement en français est à cet égard une merveille d’inventivité et de modernité".

Le Périgourdin a donc largement contribué à la renaissance de la chanson occitane dans les années 70. Guitariste, il a joué sur tous ses albums, 17 au total. Il était un admirateur de Léo Ferré qu'il a rencontré à plusieurs reprises. Denis Salles, journaliste spécialiste de la langue et de la culture occitane de la rédaction de France 3 Aquitaine l'a bien connu. ""Il n'a jamais arrêté de chanter et de défendre la culture occitane (...), il a mêm traduit Léo Ferret en occitan". Denis Salles a tenu a lui rendre hommage dans cette vidéo réalisée grace à la complicité de Christele Arfel, Vincent Issenhuth, et Boris Chague : 

Il a collaboré avec France Bleu Périgord pendant plus de vingt ans. De 1996 à 2017 il a animé avec Martial Peyrouny le magazine en langue occitane « Meitat chen Meitat pòrc », une émission qu’il présentait jusqu’à janvier dernier avec Nicolas Peuch. Celui-ci a tenu, dans cette vidéo filmée par Philippe Niccolaï, à lui rendre hommage à travers la musique :

"Il nous laisse le souvenir d’un homme gentil, et d’un artiste profondément humain et cultivé qui a ouvert le chemin pour de nombreux chanteurs occitans", dit Martial Peyrouny." Il est celui qui le premier a décidé qu’il vivrait de son art en chantant en langue d’oc. Son parcours a prouvé qu’il avait réussi ce dur pari en étant pourtant celui qui a ouvert le chemin …".

France Bleu périgord lui rendra un hommage dimanche prochain sur ses ondes à travers une émission spéciale. 

 

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