En Périgord, la récolte des noix s'annonce basse cette année avec une perte de 30 à 40 % de la production. La faute au mauvais temps avec des pluies ininterrompues depuis octobre dernier. Autre problème : la mort de noyers asphyxiés par les importantes quantités d'eau.
Lorsqu'il observe ses noyers, Jean-Christophe Mouret peine à dissimuler son inquiétude. À quelques mois de la récolte, ce producteur du Périgord prévoit déjà une saison bien moins fructueuse que les précédentes." On le voit facilement, lors des bonnes années, les noyers plissent sur le poids des noix. Là, c'est loin d'être le cas", souffle-t-il.
Cette année, il y a tellement moins de noix que les branches sont assez légères.
Jean-Christophe MouretProducteur de noix dans le Périgord
En 2023, une cinquantaine de tonnes avaient pu être ramassées malgré des conditions météorologiques difficiles lors des récoltes. Mais cette année, l'interprofession prévoit 30 à 40 % de noix en moins dans le Sud-Ouest.
Des pluies abondantes
Depuis octobre dernier, les pluies ininterrompues ont considérablement affecté les noyers. "Dans certains vallons, ils sont asphyxiés par l'eau qui stagne depuis plusieurs mois", déplore Jean-Christophe Mouret. En treize ans de métier, c'est première fois que le producteur se trouve contraint d'arracher quelques arbres malades. "Un noyer qu'on arrache, c'est dix voire quinze ans d'attente avant qu'il rentre dans la production, c'est une vraie perte pour la parcelle", précise-t-il.
Les fortes précipitations ont également ralenti le processus de pollinisation, réduisant considérablement le nombre de fruits. Partout dans le monde, le constat est le même. "La récolte s'annonce très mauvaise, insiste Fabien Joffre, président de l'AOP noix du Périgord. Il y a deux ans, c'était une très belle récolte, l’an dernier une demi-récolte. Là, ça va être 30 % de moins que l'an dernier, avec aussi un phénomène lié à l’altitude, où la vallée de Dordogne, par exemple, est encore plus touchée que sur les plateaux."
Prix rémunérateur
Pour anticiper la crise, les producteurs appellent déjà les pouvoirs publics à l'aide. Jean-Christophe Mouret espère "des prix rémunérateurs" par les différents opérateurs. "Entre 2,80 et 3 euros, à minima" pour couvrir les frais de production et surtout le volume de récolte en moins. "L'an dernier, on était entre 2,30 et 2,70 euros selon la qualité et le calibre", détaille-t-il.
Du côté de l'interprofession, on réclame "un vrai travail sur le fond". "On nous parle toujours de baisse de produits phytosanitaires, mais à un moment, on est obligés de se défendre, tonne-t-il. Il nous faut des médicaments pour soigner nos arbres."
L’excès d’humidité amène des champignons et pour ça, il faut pouvoir faire quelques fongicides, ce sont des produits phytosanitaires, qui empêchent de faire crever les arbres.
Fabien JoffrePrésident de l'AOP Noix du Périgord
Le président de l'AOP Noix du Périgord espère une "aide à la replantation" pour "pouvoir arracher ces vergers abandonnés et morts pour replanter des variétés nouvelles résistantes et adaptées à cette évolution climatique qu’on subit tous au quotidien".
Les noix devraient être cueillies dès la fin du mois de septembre. D'ici là, les producteurs espèrent "au moins" des conditions de météo favorables au moment de la récolte.