Au marché de St-Astier, près de Périgueux, les commerçants témoignent de leurs efforts pour conserver les clients, malgré l'augmentation générale des prix des produits.
Fraises à 5 euros les 500 grammes, salade à 80 centimes, blettes à 2,20 euros la botte : Manuel Aleixo propose des fruits et légumes de Dordogne et d'ailleurs à des prix très modérés. "Mes prix restent stables et les ventes aussi" dit le primeur ce jour de marché à St-Astier.
En avril, l'inflation alimentaire est restée forte, à 14,9 %, selon les derniers chiffres de l'Insee. Pour aider les ménages, le gouvernement vient d'annoncer que le trimestre "anti-inflation" qui vise à proposer dans les grandes surfaces les "prix les plus bas possible" sur une sélection de produits, était prolongé au-delà du 15 juin.
Cette opération commerciale est critiquée par des associations de consommateurs (UFC-Que Choisir et Familles Rurales) pour qui le gouvernement ne fait que "s'en remettre à la bonne volonté de la grande distribution pour qu'elle limite ses marges ou prétende le faire à travers des "opérations purement marketing."
L'association "Familles rurales" va indiquer en juin prochain la variation des prix des fruits et légumes depuis un an.
En attendant, l'association précisait en février que les prix de ces produits ont augmenté en France de 10,7% entre octobre 2021 et octobre 2022. L'organisme demandait au gouvernement une allocation de 65 euros pour les foyers modestes. "Cette somme générale de 7,2 milliards d'euros est à mettre en regard des 20 milliards annuels dépensés à soigner des pathologies, induites par une mauvaise alimentation, que l’on pourrait éviter".
Panier à 15 euros
Face à l'inflation, de nombreux consommateurs privilégient le marché près de chez eux, avec des prix pour toutes les bourses, en bio ou conventionnel.
Depuis une semaine, Manuel Aleixo propose même une cagette à 15 euros, remplie de fruits et légumes de différentes provenances : tomates, pommes de terre, carottes, courgettes, fraises et deux melons. "J'ai une demande pour ces achats groupés" indique le marchand.
Pas très loin de lui, Sylvain Laurent, fromager, propose des produits du Cantal. Du cantal entre deux à 17,95 le kilo et du cantal bio jeune à 16,95.
"Mon fournisseur augmentait les prix tous les ans jusqu'à présent. Autour de 4 ou 5 %, à cause de la hausse des prix de l'énergie. Maintenant, c'est plutôt tous les six mois" précise le commerçant. Pour autant, il ne souhaite pas augmenter autant ses prix.
Je répercute un peu la hausse mais pas autant. Je gagne un peu moins mais je veux que mes clients restent satisfaits.
Sylvain Laurent, fromagerFrance 3 Périgords
Une cliente retraitée apprécie le geste et reste fidèle au fromager et au marché. "Partout où on va, c'est plus cher, mais au marché, c'est finalement pas plus cher et c'est meilleur!", sourit-elle.
Plants pour potagers
Un stand attire de nombreux acheteurs : celui d'une horticultrice qui vend des plants de tomate ou de courgette à 1,30 euro le pot. Créer son petit potager semble être une tendance en Dordogne pour ceux qui ont un petit lopin de terre :"je trouve qu'on a plus de monde cette année. On a beaucoup de jeunes, de familles, de néo-ruraux qui s'initient au potager" affirme Laurène Pozo.
Cette jeune cliente qui vient d'acheter deux plants de tomates confirme son intérêt pour l'activité dans le contexte actuel.
Ca commence à être cher les fruits et les légumes. On verra si ça donne chez moi, je vais tester.
Une jeune acheteuse de plants
Un récent sondage de l'Ifop indiquait que 70 % des 18-30 ans déclarent avoir modifié leur consommation alimentaire en mangeant plus de fruits et légumes frais au cours de l'année écoulée. Pour autant, le pouvoir d'achat est le principal frein à la consommation des jeunes. 59% d'entre eux disent ne pas manger cinq portions de fruits et légumes par jour comme cela est recommandé, car presque la moitié (45 %) n'ont pas les moyens financiers d'en acheter autant.
Retour à St-Astier. Les primeurs font-ils des prix de fin de marché pour les clients en quête de bonnes affaires ? Pas vraiment selon notre équipe sur place, mais il y a toujours moyen de repartir avec quelques produits en plus. "J'essaye toujours de faire plaisir au client, qu'on les connaisse ou pas" dit cette primeur.
"Je propose toujours un ou deux produits en supplément qui peuvent être un peu plus avancés. Comme ça, le client revient !".