Les champignonnières historiques de Chancelade, près de Périgueux, sont en redressement judiciaire. Le Tribunal de commerce devrait opter pour une reprise du site. Seize salariés devraient perdre leur emploi, les trente autres sont dans l'expectative.
Seize employés de Champidor sont menacés de licenciement et l'avenir reste incertain pour l'activité et les trente autres personnels du site. Depuis le 19 décembre dernier, Champidor, champignonnière historique de Périgueux née en 1870, est en redressement judiciaire.
Producteur de champignons bio, Champidor alimente le marché français depuis 1983 et produit plus d'une dizaine de tonnes de champignons frais par semaine, soit environ 500 tonnes de champignons de Paris chaque année.
Sur la saison 2022-2023, la production a chuté de moitié, faute de débouchés, selon Marc le Bris, actuel directeur de Champidor qui évoque également la concurrence, la hausse des coûts de l'énergie. Enfin, suite à la plainte de riverains, le compost à base de fumier de cheval et de volaille, traditionnellement réalisé sur place, doit être importé d'Allemagne et de Hollande, ce qui génère un surcoût. Autant de raisons qui l'ont poussé à déposer le bilan le 22 décembre dernier et à établir un plan de sauvegarde, comprenant une première vague de licenciement censée aider à un retour à l'équilibre.
Un repreneur espéré
Ce mardi 28 mai, le tribunal de commerce de Périgueux devait se pencher sur ce plan de sauvegarde. Le 19 juin, il devrait trancher entre une poursuite d'activité ou une reprise extérieure. Encore faut-il que des repreneurs se fassent connaître auprès du mandataire judiciaire et de l'actuel propriétaire. S'il est agréé, ce repreneur aura ensuite jusqu'à la fin de l'année pour suivre le plan de redressement sous le contrôle du Tribunal de commerce avant que la reprise ne soit finalisée.
Perte de l'intérêt local
Une situation qui laisse un goût amer à Pascal Serre, maire de Chancelade. En 2021, la société tenue de longue date par une famille locale, avait été reprise par Marc le Bris, propriétaire de plusieurs sociétés parisienne, dont une de commerce de gros en fruits et légumes. "C'est toujours resté dans ce giron des notabilités provinciales implantées sur la commune et c'est passé brusquement dans le monde de la mondialisation avec, il faut le reconnaître, une direction qui n'a aucune attache locale", regrette-t-il. "Donc elle ne peut fonctionner dans ses objectifs, que je ne connais pas, qu'en fonction de la rentabilité."
Bons offices municipaux
Très investi, Pascal Serre n'a pas ménagé ses efforts. En avril dernier, quatre mois après avoir pris connaissance des difficultés des champignonnières, il constate que rien ne bouge et se résout à intervenir dans le dossier. Il réunit Marc le Bris, le mandataire judiciaire, le gérant salarié des champignonnières, le conseil départemental, le Grand Périgueux, les représentants du personnel et la Chambre de commerce. "Ces gens-là, c'était la première fois qu'ils se retrouvaient ensemble, quatre mois après le tir de semonce du 22 décembre !" se désole Pascal Serre. La réunion n'aura pas permis de dégager une solution de continuité sous la forme actuelle, mais elle aura au moins permis de mettre chaque intervenant au même niveau d'information.
S'assurer des bonnes volontés
Pour "maintenir la pression" alors qu'il a la sensation que tout n'est pas fait rapidement et au mieux pour trouver rapidement un repreneur crédible avant la liquidation, Pascal Serre promet une nouvelle réunion avant le 11 juin, avec les mêmes intervenants. Il espère mettre chacun devant ses responsabilités et obtenir, pour lui comme pour les salariés, des gages de bonne volonté et d'efforts pour une issue heureuse.
Il y a un savoir-faire d'exception, un site d'exception, il faut que ces deux éléments soient remis au goût du jour, et que les objectifs d'aujourd'hui fassent oublier que, peut-être, il n'y avait pas d'objectif par le passé.
Pascal SerreMaire de Chancelade
Préparer l'avenir des salariés
Reste le désarroi des employés de Champidor. "Sur les 47 salariés, il y en a plus d'un tiers dont les arrières-grands-parents, les grand-parents et les parents étaient aux champignonnières. C'est un patrimoine familial", martèle Pascal Serre. "Ils perdent leur maison familiale si ça s'arrête. Il faut les accompagner, c'est ce qu'on va essayer de faire". Le 11 juin prochain, avec France Travail, la mission locale et l'association Péri-Ouest (qui fédère une centaine d'entreprises), la mairie met en place une cellule de reconversion pour les 16 salariés licenciés.