Six millions de sapins naturels sont vendus chaque année en France, selon l'Association Française du Sapin de Noël Naturel. Avec une période de récolte condensée sur un mois, la profession emploie des centaines de saisonniers. C'est le cas de cette exploitation de Dordogne.
L'odeur de Noël. Celle de la résine qui embaume la campagne. Sur des hectares, les branches plus ou moins chargées d'épines, les épicéas, nordmann et sapins grandis attendent que leur destinée soit tranchée. Cette forêt se trouve sur la petite commune de Busserolles, un paradis de verdure à la confluence de la Dordogne, de la Haute-Vienne et de la Charente.
Vert et renouvelable
Depuis quatre décennies, la famille Beauzetier plante, élève et récolte des sapins de Noël, au point d'en devenir les fournisseurs officiels du Père Noël pour tout le sud-ouest. Dans ce secteur, ils sont pourtant loin d'être seuls : tous les autres producteurs du département sont installés dans la campagne nontronnaise.
Depuis 40 ans, cette production durable suit le même cycle : on plante au printemps, on taille et on entretient tout au long de l'année, puis on récolte en novembre. En revanche, il faut tout de même attendre cinq à sept ans de pousse pour qu'un sapin atteigne sa taille idéale, entre 1,5 et deux mètres. Assez grand pour séduire le client, assez modeste pour entrer dans le salon.
Des sapins par milliers
Chaque année, sur un hectare à un hectare et demi de terre, 10 à 15 000 sapins sont plantés pour assurer la saison, dans quelques années. Un pari sur l'avenir patiemment renouvelé tous les ans. Avec, comme pour tous les paris, le risque de perdre. Le gel, c'est l'ennemi ici. Car malgré leur résistance au froid, les sapins peuvent en souffrir lorsqu'ils sont jeunes, surtout le nordmann qui représente plus de la moitié des ventes.
L'épicéa, c'était vraiment le sapin de l'époque, de chez nous.
Loïc Beauzetier,Producteur de sapins
Star des ventes, ce sapin originaire du Caucase, est le plus luxuriant des sapins de Noël, avec ses branches noyées sous un velours d'épines vert sombre. "Tout le monde veut du nordmann, mais c'est un sapin nordique", explique Loïc Beauzetier.
Si l'épicéa résiste tout de même à la concurrence, c'est qu'il a aussi des atouts. "Aujourd'hui, il y a de la demande parce que l'épicéa vaut deux, trois, quatre fois moins cher que le nordmann, suivant la taille", détaille le producteur.
À un mois du jour fatidique, la cisaille du motoculteur ne chôme donc pas. À raison de 500 pieds par jour, 15 000 sapins vont, au total, être emmaillotés avant expédition. Une pleine saison d'un mois, qui offre du travail à dix salariés. Pour l'heure, ce sont les plus petits qui partent en premier. La catégorie des moins d'un mètre, destinés à la ville et à ses espaces contraints. "Les 60-80cm, ça va partir surtout pour Bordeaux, pour les bureaux, les appartements, voilà, c'est juste manière de marquer Noël", commente Loïc Beauzetier.
Entreprise de taille moyenne
L'exploitation des Beauzetier est le maillon entre deux mondes : celui des très gros fournisseurs industriels et celui des petits artisans. Les trois quarts de leur production, comme celle de leurs confrères de Busserolles changeront d'étiquette avant d'arriver aux clients. Ils alimenteront d'autres producteurs ou rempliront les barnums de ventes, installés sur les parkings des grandes surfaces. Des revendeurs qui tirent sur les marges autant qu'il est possible. Le producteur envisage donc, pour conserver ses marges, de faire de la vente directe.
Le reportage France 3 Périgords - Jean Poustis & Anne-Laure Meyrignac