Les 534 suffrages exprimés ce 10 avril à Condat-sur-Vézère ont tous été annulés par le Conseil constitutionnel. Les électeurs avaient émargé avant de glisser le bulletin dans l'urne, alors que la procédure prévoit l'inverse. Le maire de la commune se dit "affligé" par cette décision.
C'est une irrégularité qui va coûter cher à l'ensemble des électeurs de Condat-sur Vézère. Dimanche 10 avril, ils sont 534 à s'être rendus aux urnes. Et c'est Marine Le Pen qui est arrivée en tête des votes dans la commune.
La candidate du Rassemblement national s'est imposée avec 32,02 % des voix, devant Emmanuel Macron qui a obtenu 21,72 % des suffrages.
Un émargement trop précoce
Des votes qui, finalement, ne seront pas pris en compte dans le résultat national. Le Conseil constitutionnel a décelé une irrégularité dans l'organisation du scrutin, et a décidé, ce 13 avril, d'annuler "l'ensemble des suffrages exprimés dans cette commune". En cause, un défaut d'organisation : "les électeurs étaient invités à signer la liste d'émargement avant d'introduire le bulletin dans l'urne (...)" , souligne le Conseil constitutionnel. "Cette irrégularité s'est poursuivie en dépit des observations du magistrat délégué du Conseil constitutionnel". Or, la procédure voudrait que les électeurs votent avant de signer le registre.
"Rigidité de l'Etat"
Une décision "affligeante" pour le maire (sans étiquette), de la commune, qui se dit "révolté". Il affirme ne pas avoir été informé par l'institution de l'annulation du scrutin dans sa ville.
Cela traduit la rigidité de l'Etat qui veut appliquer à la lettre un règlement qui n'est pas adapté aux petites collectivités.
Stéphane Roudier, maire de Condat-sur-Vézère (24)Source : France 3 Aquitaine
L'élu reconnaît que l'émargement se faisait avant le vote, pour des raisons pratiques. "Deux personnes étaient présentes, côte-à-côte. L'une contrôlait l'identité et l'émargement, et l'autre le vote. Chacune vérifiait ce que faisait l'autre", précise-t-il. S'il admet avoir écopé d'une remarque sur l'irrégularité, annotée sur un procès-verbal, il assure que "ca s'est arrêté là".
"Expliquez-moi la différence : on a le même résultat, on a juste fait ça pour plus de simplicité, et on trouvait ce double contrôle efficace", poursuit-il.
"On aurait bourré les urnes, j'aurais compris"
Le maire déplore d'autant plus cette annulation qu'il se félicitait de la mobilisation dans sa commune - qui affiche un taux de participation de 79,83%. contre 74 % à l'échelle nationale.
"A une époque où on se plaint de l'abstention, on va annuler une élection dans une commune sur un détail, soupire Stéphane Roudier. On aurait bourré les urnes j'aurais compris, mais là, il n'y a aucune fraude de constatée". Le maire n'exclut pas de contester la décision.