La suspension des travaux de déviation ravive les tensions entre pro et anti contournement à Beynac

D'un côté, l'Etat, via un arrêté préfectoral, donne son feu vert pour les travaux. De l'autre, la plus haute juridiction administrative française, le Conseil d'Etat, considère que l'intérêt de la déviation est limitée. Et fait suspendre le chantier. Dans le village, un sentiment de gâchis prédomine.

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Cela fait onze mois que les travaux ont commencé. Les fondations des deux futurs ponts de la déviation du village de Beynac sont terminés. Et les piles de l'un d'eux viennent d'être coulées.

"65% du chantier a déjà été réalisé et 15 millions d'euros engagés" peut-on lire sur la pétition en ligne lancée il y a quelques jours pour demander la reprise et l'achèvement des travaux.
 



"Le chantier va rester en l'état ce qui a de graves conséquences" dénoncent ceux qui soutiennent le projet.

Conséquences sur l'emploi des entreprises engagées,  et sur l'environnement, notamment, soulignent-ils, "puisque toutes les mesures en faveur de la restauration des habitats naturels et de la végétation (27.000 végétaux devaient être plantés) devaient démarrer et sont désormais stoppées, ainsi que la voie verte qui devait être créée et qui est, elle aussi stoppée".
 

Un projet sur la liaison Bergerac - Sarlat

 

Ce projet de déviation s'appuie sur le problème posé par le trafic journalier moyen : 6070 véhicules dont 303 poids-lourds, avec un pic de 10607 véhicules en période estivale.
 
Sur une route coincée entre la falaise d'un côté et la rivière Dordogne de l'autre.

Où les éboulements de roches sont à redouter.

Et où deux camions ne peuvent pas se croiser, malgré l'élargissement de la voie réalisée par la commune, affirme le porteur et ardent défenseur de ce contournement, le président du Conseil Départemental de la Dordogne Germinal Peiro.

La déviation consiste à aménager une route sur 3200 mètres, à construire deux ponts sur la Dordogne et un pont rail, pour un coût de 30 millions d'euros.
 


Les opposants défendent leur vallée, le conseil d'Etat leur donne raison


"Je pense que cet argent pourrait servir à d'autres causes qu'à la construction d'un pont parfaitement inutile à la vie des gens du canton" nous dit un des habitants de la région, qui résume bien le sentiment des opposants.

Le chantier est mené au coeur de la vallée de la Dordogne, surplombé par cinq monuments historiques, dans une zone classée réserve biotope par l'Unesco.

Le Conseil d'Etat a jugé que l'arrêté préfectoral autorisant les travaux conduit "à la destruction de l'habitat d'espèces protégées et entraîne des conséquences irréversibles pour les individus de ces espèces."

Et qu'une dérogation ne se justifie que dans le cas d'une "raison impérative d’intérêt public majeur", quand "il n’existe pas d’autre solution satisfaisante".
 

Nouvelle bataille juridique en perspective



Au tribunal administratif de Bordeaux maintenant de juger sur ces points de fond. S'il suit la décision du Conseil d'Etat, une nouvelle bataille juridique risque de commencer. Germinal Peiro semblant être déterminé à mener le projet à son terme. 

Retrouvez ici tous nos articles sur ce projet de déviation qui a suscité de nombreuses manifestations et polémiques ces derniers mois. 

Dans le reportage qui suit, le point sur l'avancée des travaux et les réactions très différentes des habitants. Tous ont le sentiment d'un immense gâchis..
 
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