Les agriculteurs de Ribérac et des environs ont été dépouillés par la grêle du 20 juin. Arbres, céréales, bâtiments, rien n'a résisté. La Chambre d'Agriculture et les agriculteurs ont reçu le Préfet sur place aujourd'hui, en espérant un geste de la part de l'État
Clément Courteix est un jeune agriculteur. Son exploitation de 160 hectares est à cheval sur les communes de Montagrier et Grand-Brassac. 160 hectares de noyers tournesols, blé et maïs, et une récolte qui s'annonçait, contrairement aux années précédentes, très bonne. Enfin, du moins avant le 20 juin.
Un paysage de désolation
Car aujourd'hui il ne reste rien, rien qu'une végétation broyée par la grêle, des champs de désolation recouverts d'une récolte intégralement détruite. Ses maïs d'un mètre quatre-vingt ne sont plus qu'un amas de végétation, une bouillie verte de trente centimètres de haut... Rien ne pourra être récolté. Il fait partie de la centaine d'agriculteurs du Ribéracois dont l'exploitation a été ravagée par la tempête de grêle. Un phénomène qu'en tant que jeune agriculteur il n'avait jamais connu, mais qui n'est pas sans évoquer, en plus grave, un épisode de 1986 dont se rappellent les anciens...
200 000 €uros de perte
Financièrement, Clément Courteix estime le préjudice à 200 000 €uros, entre la semence, les engrais et produits phytosanitaires, le travail dans les parcelles, le gas-oil, etc. Une somme pour la perte de laquelle il n'est pas assuré. Dans son cas, le montant des primes pour perte de récolte serait de 10 à 15 000 €uros par an, alors que son résultat d'exploitation en moyenne sur cinq ans, ne dégage que 10 000 €uros.
Assurances trop chères
Ne pas s'assurer contre la perte de récolte, c'est le risque que prennent la majorité des agriculteurs confrontés à des marges de plus en plus réduites. Ce choix, Clément ne le regrette qu'à moitié. Dans le cas présent, l'assurance aurait basé son indemnité sur une moyenne des années précédentes. Or, entre guerre Russo-Ukrainienne, augmentation des matières premières et de l'énergie, le prix de vente cette année était particulièrement élevé. L'assurance ne l'aurait pas, de toute façon, assuré à la hauteur de la perte.
Pénurie d'aliments pour animaux ?
Parmi les cultures des environs, beaucoup appartiennent à des éleveurs qui s'en servent pour alimenter leurs troupeaux. C'est le cas dans la GAEC d''Olivier Etropie. 40 hectares de maïs réduits en bouillie. En plus des problèmes qu'il rencontre aujourd'hui, il sait qu'il risque d'être dans l'impasse dans les mois à venir.
Faire reconnaître la catastrophe naturelle
Faute d'une assurance pour perte de récolte, il s'agit maintenant de tenter de se faire indemniser par d'autres moyens. La première démarche des exploitants a été de contacter les maires de leurs communes afin qu'ils demandent la reconnaissance de catastrophe naturelle. Une garantie de base pour faire jouer les fonds de solidarité et espérer une indemnité.
Convaincre la préfecture
Et pour faire admettre l'état de catastrophe naturelle, rien ne vaut une confrontation de visu. C'est l'objet de la rencontre organisée aujourd'hui entre les exploitants, la Chambre d'Agriculture et le Préfet. Une rencontre sur le terrain pour que le représentant de l'État constate bien de lui-même qu'il ne s'agit pas d'une simple chute de grêle comme les agriculteurs en connaissent parfois, mais bel et bien d'un épisode exceptionnel de "Tempête de grêle".
Remonter l'info
Le représentant de l'État, dont la simple présence est déjà un gage de bonne volonté, a en charge de faire parvenir son constat aux services concernés. Mais il n'oublie pas non plus que la grêle est un risque "assurable" pour lequel les exploitants ne se sont pas assurés. Prudemment il annonce donc n'être là que pour "regarder ce qui peut être fait".
Évaluer les dégâts
Des éléments qui seront écoutés par le ministère de l'agriculture. Ce dernier a annoncé ce mercredi le lancement d'une évaluation rapide des dégâts dans l'ensemble des terres agricoles concernées par ces intempéries. Un impératif pour la chambre d'agriculture de Dordogne qui craint qu'en cas de refus d'aide, les agriculteurs les plus touchés ne soient obligés de fermer boutique, les assurances ne pouvant pas apporter de solution.