Interdites depuis deux mois, les brocantes ne sont toujours pas autorisées. Les annulations successives fragilisent les professionnels ainsi que tout le milieu associatif qui en dépend pour ses finances.
Que vaut un dimanche déconfiné sans brocante ? Pour bon nombre de Périgourdins et de Français, c’est un peu comme une omelette sans ses cèpes, c’est rude et sans saveur.
Une brocante, ça donne un but et une destination à une journée, tout en étant une porte ouverte vers l’inconnu. Que va-t-on y trouver ? Un vieil album de cartes postales ? Un gramophone ? Un coquetier en forme de poussin ?
Inutile de s’égarer. Depuis deux mois, vides-greniers et brocantes sont interdits comme toutes les manifestations publiques de plus de 10 personnes.
Pour les professionnels, c’est l’horreur. « Soit on meurt de maladie, soit on meurt de faim », résume Claude Bertino, brocanteur depuis 16 ans à Périgueux. «Si ça ne bouge pas d’ici un ou deux mois, j’arrête tout et je me mets au RSA ».
Claude espère un geste du gouvernement. Après tout, les marchés alimentaires ont rouvert durant le confinement dans plusieurs communes de Dordogne sans qu’on ait observé de recrudescence de l’épidémie. Pourquoi ne pas imaginer organiser des brocantes en suivant les mêmes règles, entrée et sortie uniques, sens de circulation et bonne distance entre chaque exposant ?
A la préfecture, c’est toujours non hélas pour ce genre de manifestation. Mais sait-on jamais… « nous recevons de nouvelles consignes chaque jour », nous dit-on au service communication de l’institution.
Au-delà des professionnels et des chineurs, c’est tout le petit monde des associations qui est dans l’attente d’un geste, d’une annonce car les brocantes avec leurs frais d’inscription, leurs buvettes et leurs sandwichs aux chipolatas participent aux financements de nombreuses activités.
En tant qu’infirmière, Maryse mesure toute l’importance des gestes barrières et de la distanciation sociale dans la lutte contre le coronavirus, mais comme bénévole engagée dans plusieurs autres collectifs comme l’association de sauvegarde du Patrimoine de Jourgnac ou le club de rugby de Saint-Cyprien, la mise en suspens des brocantes est un vrai souci, doublé d’un crève-coeur.
« L’argent sert pour nos clubs, mais c’est aussi un moyen de se rassembler autour d’un projet commun de passer un bon moment ensemble. »
Face aux annulations, certains ont fait le choix du report. A Périgueux, le comité du quartier du Toulon a fait une demande auprès de la mairie pour déplacer son vide-grenier annuel du 8 mai à la date du 27 septembre.
« C’est notre seule source de revenus. », témoigne Dominique Ducret président de l’association. Difficile d’y renoncer. « Nous avons fait le choix de ne demander aucune subvention. Toutes les activités proposées par le comité du Toulon sont gratuites. »
Avec l’argent gagné sur le vide-grenier, les gens du Toulon ont droit à un repas dansant, un Noël pour les enfants, un spectacle en février, un week-end de rencontres au parc de la Source en juin (annulé cette année)…
Le comité du Toulon pourra-t-il tenir brocante en septembre ? Mystère. Il attend toujours une réponse de la mairie.
Prévue le 28 juin, la foire de la Saint-Martin, ne sera pas reportée. Cette brocante géante rassemble 500 exposants et 10 000 visiteurs à Périgueux. Elle n’est pas encore annulée, mais ça ne tient qu’à un fil. Nicolas Viseur, son coordinateur pour l’association du quartier Saint-Martin est en pourparlers avec la préfecture.
« Il faut être prudent, il faut être conscient. On ne joue pas avec la vie des gens ». 70% des emplacements sont déjà pris. Si l’annulation se confirme, il proposera aux inscrits un report sur l’année suivante ou un remboursement.
La saison des brocantes qui devrait battre son plein parait bien compromise.
Futur collector ? L'agenda des brocantes 2020, disponible chez les marchands de journaux, pourrait trouver sa place dans un futur vide-grenier. Pour les amateurs d'histoire et d'humour noir.