L'Etat français a refusé une offre de rachat de Photonis, spécialisée dans la photodétection, par le groupe américain d'ingénierie Teledyne pour des motifs de protection de ses activités stratégiques, a annoncé vendredi le ministère des Armées.
L'Etat a décidé de "refuser l'investissement étranger en France proposé par Teledyne", a-t-on indiqué au cabinet du ministère des Armées. La société Photonis est basée à Mérignac près de Bordeaux (Gironde) et compte plus de 1.000 salariés. Elle travaille pour les secteurs de l'aéronautique, de la recherche ou encore de la défense.
Des élus avaient alerté l'Etat
Le refus du ministère est motivé par deux raisons, selon le cabinet : "la nature des activités de Photonis" et le fait que "les mécanismes proposés dans le cadre du processus d'investissement en France n'étaient pas suffisants pour assurer la souveraineté et la protection des actifs stratégiques sur la durée".
Fin octobre, des élus s'étaient inquiétés des risques liés à un rachat de l'entreprise "hautement stratégique" dont le propriétaire, le fonds Ardian, souhaite se défaire.
Un rachat par Teledyne "fait peser le risque d'une aspiration du savoir-faire technologique de Photonis, de surcroît sans garanties d'un maintien de l'emploi local", avaient dénoncé dans un courrier adressé au Premier ministre le député LR Julien Aubert ainsi que sept parlementaires et anciens parlementaires.
Une "solution alternative française" à l'étude
Une "solution alternative française" est à l'étude, selon le cabinet du ministère. L'Etat a "considéré que pour protéger un actif stratégique il était préférable de renoncer à un investissement étranger, c'est bien un investissement étranger et non l'entreprise Teledyne" qui est visé, a précisé le cabinet rappelant que Teledyne "est un fournisseur du ministère de la Défense et emploie environ 850 salariés en France".
Teledyne avait fait une première offre avant de la retirer fin septembre et d'en proposer une nouvelle en octobre.
Le gouvernement français surveille de près ce dossier via le dispositif de contrôle des investissements étrangers en France, grâce auquel il peut empêcher le rachat d'une entreprise française par un acteur étranger si elle revêt un intérêt stratégique pour le pays.
Au printemps, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire avait fait état de son opposition à ce rachat par le groupe américain, souhaitant que Photonis reste entre des mains françaises.
Photonis produit notamment des éléments d'intensification de lumière utilisés dans les jumelles de vision nocturne et des instruments utilisés par le Laser mégajoule, sur un site du Commissariat à l'énergie atomique destiné à tester par simulation des explosions nucléaires.