Le Black Friday : une course folle à la promotion qui étrangle les petits commerçants

Annoncé depuis quelques années comme une grand-messe commerciale où les bonnes affaires sont de mise, le Black Friday est de plus en plus décrié par de nombreux consommateurs et commerçants. Les initiatives se multiplient pour le contourner.

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Pour les commerçants, c'est la meilleure période : les fêtes de fin d'année. Cadeaux, repas, les Français dépensent en moyenne 487 euros. Un budget pourtant de moins en moins conséquent depuis l'apparition du Black Friday ("vendredi noir") qui proposerait des promotions très attractives, aux dépens des commerçants. Contre cette tendance, les consommateurs et commerçants ont décidé de réagir.

Commerçants "pris à la gorge"

À Bordeaux, comme partout, les commerçants de quartier sont sous le joug de ces prix bradés. Le Black Friday est tellement rentré dans les habitudes qu'il est presque aujourd'hui impossible de ne pas y participer.

Georges Simon, président de Bordeaux Mon Commerce, dénonce cette situation de crise."On est très en retard sur les ventes de manière générale", indique le président de l'association de commerçants. "Avec les événements, de nombreux commerçants sont donc pris à la gorge". Des promotions quasi obligatoires, dans presque tous les domaines. Georges Simon évoque ainsi la situation d'un photographe contraint de faire des promotions, forcé par les grandes enseignes du secteur. 

On voit de plus en plus de commerçants qui ne souhaitent pas le faire, d'autres qui le font par obligation, car leurs stocks sont trop importants.

Georges Simon

Président de la Ronde des quartiers de Bordeaux

Une concurrence déloyale pour ces petits commerces. Le représentant des commerçants évoque ainsi la grande distribution qui "trouve toutes les méthodes pour produire à des prix très bas". Pire, selon l'UFC Que Choisir, ces "promotions monstres" n'en seraient finalement pas vraiment. Cette année, ses calculs démontrent une baisse minime de prix de -0,5 % pour l'électroménager par rapport à la moyenne des prix de novembre, et -1,6 % pour ce qui est du high-tech. Pas de quoi hurler à l'affaire du siècle.

Face à cette attaque en règle de la grande distribution, la profession a donc décidé de répliquer. Georges Simon espère faire suffisamment pression avec d'autres représentants pour un "encadrement des périodes de promotion dont le Black Friday fait partie". Ils demandent au Conseil National du commerce d'appliquer, à toute période de promotion, les règles mises en place pour les soldes. Parmi elles : mentionner le mot "promotion" sur les produits, interdiction des réapprovisionnements, proposer des promotions seulement sur les produits à la vente depuis au moins un mois. 

Résistance des consommateurs

À Mont-de-Marsan, depuis cinq ans, le collectif Free Friday dénonce la frénésie de l'ultra consumérisme au moyen d'un principe assez simple : le don. En 2019, le collectif citoyen "Marsan transition" réfléchit à l'impact écologique et au fait de le limiter. L'idée vient assez rapidement d'éveiller les habitants landais à une consommation responsable et pour cela quoi de plus simple que l'échange et le don. La maison écocitoyenne des Landes supporte l'action. "On a créé une journée de gratuité dans une boutique éphémère pour faire un pied de nez au Black Friday", raconte Bruno Mindé, membre originel du collectif Free Friday. 

Offrez ce que vous n’utilisez plus, prenez ce qui vous tente.

Free Friday

Et cela fait cinq ans que chaque année l'évènement se renouvelle avec de plus en plus de membres et de dons. Concernant ces derniers, "il n'y a pas de conditions si ce n'est que les objets donnés soient en bon état et portable à la main, explique Bruno Mindé, ils doivent être déposés le jeudi de 12h à 20h et donnés le vendredi de 9h à 17 h 45". "Et tout doit disparaître" conclut-il. 

Déjà "plus de 100 kg de jouets récupérés" ont été accueillis à la boutique pour ce vendredi. Et surtout, insiste Bruno Mindé, tout le monde, sans condition de ressource, peut venir "trouver son petit bonheur", car dit-il, "ce n'est pas initialement une action caritative, mais militante et éducative". Tout ce qui restera dans la boutique sera donné à l'association Landes partage, précise le militant "pour qu'il n'y ait pas de gâchis".

Achats responsables

Face à cette incitation à la surconsommation, de nombreuses marques ont également monté un collectif national en 2017 : le Green Friday. À l'origine de ce collectif : les entreprises responsables Altermundi, dont la boutique de Bordeaux, et le réseau de recyclerie Envie présent notamment à Pessac. Également dans la boucle, la marque de vêtement très engagée, Faguo. 

Leur mission est d'inciter à une consommation plus réfléchie et écologiquement plus viable.Parmi les alternatives proposées : la seconde main, les produits reconditionnés, le commerce équitable ou le zéro déchet. 

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