Dès ce samedi 3 avril 2021 au soir, les 150 000 magasins français non-essentiels fermeront leurs portes pour un mois. Une nouvelle difficile à avaler pour tous les commerçants du Limousin.
"Je suis en colère !" s’exclame Fabienne Pouch, responsable de la boutique essentielle, un commerce de prêt à porter féminin à Brive.
On a l’impression qu’on recommence comme il y a un an. On est dans la même galère.
Fabienne Pouch possède une boutique indépendante considérée comme "non-essentielle".
Comme l'a précisé le Premier ministre Jean Castex, "seuls les commerces vendant des biens et des services de première nécessité sont autorisés à ouvrir". Les fleuristes, jardineries, libraires, disquaires, coiffeurs, cordonniers, chocolatiers, opticiens, boutiques d'informatique et concessionnaires automobiles sont désormais considérés comme des commerces essentiels depuis les mois de janvier et de février 2021.
A contrario, les magasins de vêtements, de jouets, les salons de beauté, les restaurants, les bijoutiers, les horlogers, les grands centres commerciaux de plus de 10 000 m2 doivent fermer à compter du samedi 3 avril 2021 au soir.
"Pourquoi cette mesure alors que le protocole sanitaire est respecté et qu’il n’y a pas beaucoup de monde dans nos boutiques" renchérit la voisine de Fabienne Pouch, Françoise Joinel, responsable du magasin de prêt à porter masculin Edan Park à Brive. "Mon magasin fait 32 m2 et on est jamais plus de trois dedans", explique Fabienne Pouch.
"On ne comprend pas que les fleuristes, les coiffeurs, les chocolatiers restent ouverts et nous non. On paye parce que le gouvernement a mal géré les vaccins. Ils promettent une réouverture en mai mais je n’y crois pas du tout ! " dénonce Fabienne, désemparée. "Il n’y aura pas de vaccin en mai !"
A Limoges aussi, l’annonce résonne comme un coup de tonnerre. "C’est trop tard" s’exclame Jean-François Pailloux, président des commerçants du centre-ville de Limoges. "Il fallait le faire plus tôt, quand il faisait encore froid. Pourquoi attendre les beaux jours et les prochaines vacances scolaires".
En avril devait s’organiser la braderie de printemps, un événement important, attendu par les commerçants puisqu’il représente l’équivalent de deux jours de soldes.
Aujourd’hui, ce sont les commerçants qui payent les pots cassés !
"Les coiffeurs peuvent ouvrir mais ils ne peuvent pas faire de manucures. Les magasins de vêtement n’ont plus le droit de faire du click and collect comme au dernier confinement. Ils ont juste le droit de livrer les gens à domicile… "
Le président des commerçants du centre-ville de Limoges dénonce des mesures floues et opaques. "C’est très compliqué de savoir qui ouvre et qui ferme et dans quelles conditions. Il y a des pages et des pages… rien de simple. Et pour les aides non plus. Il y en a qui n’ont toujours pas reçu les aides du précédent confinement."
L’inquiétude pour les mois à venir
A Limoges, depuis le début de la pandémie, 8 boutiques ont fermé leurs portes, quelques-unes sont en redressement judiciaire et d’autres sont à vendre, même certaines institutions comme Artis Facta. "Je pense aussi, dit-il, à ceux qui sont très fragiles aujourd’hui et qui vont devoir payer les reports de charge, et les prêts de l’état dans les mois à venir".
C’est une bombe à retardement qu’on a devant nous.
Les grands magasins dans les zones commerciales sont eux-aussi affectés raconte Jean-François Pailloux. "Ils payent des loyers lourds et fermer leur coûte beaucoup d’argent… et ce n’est pas pris en charge intégralement par l’Etat."
Les commerçantes indépendantes de Brive elles, gardent le moral.
On espère que ça va s’arrêter le plus vite possible, que les gens aillent se faire vacciner et qu’ils soient solidaires de toutes les petites boutiques.