Parmi les membres de son jury, le festival du film francophone d'Angoulême a nommé une costumière et cheffe décoratrice : Catherine Leterrier. Son travail lui a valu trois César. Rencontre.
Elle a l’habitude d’être dans l’ombre. Catherine Leterrier est costumière et cheffe décoratrice, un métier du cinéma trop souvent oublié.
Mais cette fois-ci, Catherine Leterrier prend la lumière. Pendant cette 14ème édition du festival du film francophone d’Angoulême, elle est membre du jury, aux côtés de Nicole Garcia, Antonin Baudry et Leïla Kaddour.
Alors, être sous le feu des projecteurs le temps de quelques jours, “ça fait star !”, lance-t-elle en souriant, pendant qu’elle se fait maquiller. “Je suis contente, c’est très agréable. On visionne les films, on discute des tendances et des nouveaux metteurs en scène”.
Une centaine de films à son actif
Ce n’est pas la première fois que Catherine Leterrier se retrouve sur le devant de la scène. Avec une centaine de films à son actif, elle a été primée pour trois d’entre eux. Elle a remporté le César des meilleurs costumes pour “Jeanne d'Arc” de Luc Besson en 2000, et pour “Coco avant Chanel” d’Anne Fontaine en 2010 , pour lequel elle a également été nommée aux Oscars. En 2004, elle a remporté le César du meilleur décor pour “Bon voyage” de Jean-Paul Rappeneau.
Avant de devenir costumière et cheffe décoratrice, Catherine Leterrier était styliste de mode spécialisée dans la maille. Elle fabriquait des pull-over dans le monde entier. En 1973, elle fait ses premiers pas dans le monde du cinéma pour des films de son mari, le réalisateur François Leterrier.
J’ai toujours aimé la mode. J’ai rencontré mon mari François Leterrier, cinéaste, à une époque où il n’y avait pas de costumiers pour les films contemporains. J’ai commencé par des films à petit budget pour l’aider alors que j’avais un métier. Personne ne m’avait proposé de me rémunérer.
"Donner un effet, une impression, un look"
Elle travaille ensuite avec des cinéastes de renom comme Jean-Paul Rappeneau et Alain Resnais. “J’ai trouvé cela passionnant de travailler sur un scénario avec des acteurs, des metteurs en scène”, raconte-t-elle. “Et surtout, ce qui m'a plu, c'est de faire des recherches qui ne soient pas mercantiles. Mais des recherches epour donner un effet, une impression, un look. Et collaborer avec des films qui me passionnent.”
La passion, c'est ce qui continue à faire vibrer la costumière de 78 ans. Plus récemment, elle a notamment travaillé sur le film “Aline” de Valérie Lemercier, qui n’avait pas pu sortir à cause de la crise sanitaire.
Après l'étape maquillage, direction l'espace Franquin, où Catherine Leterrier donne une master class. L'occasion de livrer au public les dessous de son métier : “Ce qui est très important pour faire un bon costume, c’est ce qu’on appelle la patine, faire en sorte que les vêtements ne semblent pas neufs", décrit-elle. "Cela demande pas mal de travail de faire l’usure et le froissage nécessaire.”
Son rôle de membre du jury du festival la rattrape vite. Après une heure d'échange, la voilà repartie vers les salles obscures pour visionner les films en compétition.