Le maire de Pau (Modem) a répondu à Nicolas Sarkozy en clôture de l'université d'été de son parti. Il combat toute possibilité de dissolution du centre dans un grand rassemblement de droite et redit sa proximité avec Alain Juppé (UMP), maire de Bordeaux
Pas de parti unique
François Bayrou, "prêt à aider" Alain Juppé pour 2017, a rejeté dimanche toute idée de "parti unique" absorbant le centre, sous peine de "confrontation", deux jours après l'annonce d'un retour de Nicolas Sarkozy qui amènera les uns et les autres à "une clarification". Pour le président du MoDem, les premières déclarations de l'ancien chef de l'Etat ne laissent entrevoir qu'une "réédition de l'UMP" version 2002. Et selon lui, "la politique française a besoin de tout sauf d'un parti unique", a-t-il expliqué en clôture de l'université de rentrée du MoDem à Guidel (Morbihan).Il a même averti, offensif: "Je suis garant que personne, qu'aucune manoeuvre, ne privera les Français de ce droit au pluralisme et au dialogue et, s'il le faut,du droit à la confrontation entre la diversité des courants politiques et des visions de l'avenir de notre pays". Pour autant, celui qui traitait Nicolas Sarkozy d'"enfant barbare" dans son livre "Abus de pouvoir" ne compte pas "se spécialiser dans quelque anti-sarkozysme que ce soit".
"La tentative toujours recommencée de soumission du centre, elle ne réussira pas plus aujourd'hui qu'elle n'a réussi hier"
Objectif du maire de Pau pour le centre : ne pas se soumettre
Depuis plusieurs mois, le maire de Pau ne cache pas sa proximité et son soutien à Alain Juppé, même s'il réfute le terme de "deal". Le maire de Bordeaux a affirmé dimanche matin qu'il irait "jusqu'au bout" de sa candidature aux primaires de la droite et du centre, se montrant déterminé. Plusieurs cadres centristes estiment toutefois que si l'ex-Premier ministre ne va pas jusqu'au bout au final, François Bayrou, déjà trois fois candidat à la présidentielle, pourrait être de nouveau tenté... Même si, officiellement, il prêche "l'abnégation", eu égard à la situation du pays. Refusant les "satellites" et les soumissions", le président du MoDem a insisté dimanche sur "la liberté" et "les convictions", et s'est posé en "garant de l'indépendance"du centre au sens large.
Car le retour de Nicolas Sarkozy - qui a évoqué dans sa tribune vendredi la perspective d'un vaste rassemblement "dépassant les clivages traditionnels" - est susceptible de provoquer des tiraillements, voire des défections dans la famille centriste. Mais, en définitive, ce "sera une clarification pour la nature de l'opposition et les choix fondamentaux des uns et des autres", a expliqué M. Bayrou aux journalistes au cours du week-end. L'UDI, qui cherche un successeur à Jean-Louis Borloo d'ici novembre, devra en effet se positionner. "La tentative toujours recommencée de soumission du centre, elle ne réussira pas plus aujourd'hui qu'elle n'a réussi hier", a-t-il insisté à la tribune, glissant au passage qu'il s'adressait aussi aux "amis de l'UDI".
"Il (Nicolas Sarkozy, ndlr) aura moins de centristes qu'en 2002", assure de son côté un cadre du MoDem dans les allées de l'université de rentrée, la question étant "qui résiste et qui ne résiste pas".