Le gel des tarifs de péages des autoroutes en 2015 coûtera en fait 500 millions d'euros supplémentaires aux usagers pendant les 20 prochaines années. Mauvaise nouvelle annoncée par le régulateur des autoroutes qui relance le débat sur la pertinence de l'accord signé par l'État cette année-là.
L'Arafer - le régulateur - a fait ses calculs : "Les usagers paieront 500 millions d'euros de plus (de péages) sur la durée des concessions pendant les 20 prochaines années pour compenser le gel des tarifs en 2015", a expliqué son président Bernard Roman, lors d'une conférence de presse.Ce gel des tarifs de péages, décidé par le gouvernement au terme de plusieurs mois de bras de fer avec les concessionnaires, était pourtant supposé rétablir l'équilibre des contrats, alors que l'Autorité de la concurrence avait fait état de la "rente" de ces sociétés depuis la privatisation de 2006, ce que contestaient les intéressées.
Le gouvernement avait dans un premier temps affirmé que le gel de 2015 ne serait pas compensé. Il sera finalement lissé sur les années 2019 à 2023, via "une augmentation des péages supérieure à celle normalement prévue au 1er février 2015 : de +0,23% à +0,82% selon les concessionnaires", détaille l'Arafer. Il faut comprendre qu'au 1er février 2017, les tarifs des péages autoroutiers français augmenteront de 0,76% en moyenne.
Gel plus que compensé
Les accords conclus en avril 2015 entre l'État et les concessionnaires, censés "rééquilibrer les contrats dans l'intérêt des usagers et de l'État", auraient sans doute reçu un avis défavorable de l'Arafer, qui ne régulait alors que le secteur ferroviaire. Dans ce premier rapport annuel sur les comptes des concessionnaires d'autoroutes, l'Arafer indique que "les dividendes versés en 2015 par les concessionnaires ont fortement augmenté pour atteindre 3,3 milliards d'euros (+127,5%), un montant supérieur au résultat net du secteur qui représente 2,2 milliards d'euros".L'Association des sociétés françaises d'autoroutes (Asfa) n'a pas souhaité commenter ce rapport, et le ministère de l'Écologie, dont dépend le secrétariat d'État aux Transports, n'avait pas donné suite aux demandes d'interview. Fin 2014, la ministre de l'Écologie, Ségolène Royal, était montée au créneau après un rapport de l'Autorité de la concurrence qui faisait état de la "rente" de ces sociétés depuis la privatisation de 2006, un calcul contesté par les intéressées. Au plus fort de la crise, une résiliation pure et simple des contrats de concession avait même été évoquée.