"Je vois plus de couleurs ici que dans un lagon de Tahiti". Un plongeur girondin photographie de façon inédite la faune et de la flore du bassin d'Arcachon. Une immersion surprenante.
Au grand bleu, il préfère le grand noir. Le Girondin Frédéric Lamothe n'est pas un plongeur comme les autres : il est l’un des rares à se hasarder de nuit dans les eaux du Bassin d’Arcachon.
“La nuit, c’est une ambiance, il y a des espèces qui ne sortent qu’à ce moment-là. Les poissons sont calmes, certains dorment. Je n’ai pas à aller vers les espèces, ce sont elles qui viennent à moi”.
Un résultat spectaculaire
Aucun bruit, aucune lueur extérieure... Dans l'obscurité, apparaît un patrimoine naturel insoupçonné, éclatant de couleurs.
Les créatures que le photographe découvre dans son viseur ne font parfois que quelques millimètres. Coquillages et crustacés minuscules, limaces et vers presque invisibles.
Bercé par les documentaires du Commandant Cousteau, animé par le goût de la nature et de l'image, Frédéric Lamothe utilise un matériel de pointe, qu’il s’est lui-même confectionné.
Son appareil est un petit compact, équipé d’une fibre optique lumineuse, placée au plus près de son sujet, pour produire un maximum d’éclairage.
Une centaine de sorties pour 4 ou 5 photos exploitables
Avant de s’immerger, il passe près de deux heures à se préparer.
Plongeant en solitaire, il double tout son équipement, par mesure de sécurité. Ce qui représente un poids de plus de 50 kilos, auquel s'ajoute l'appareil photo.
Insatiable dans sa quête, il effectue une centaine de sorties par an qui lui permettent d'exploiter seulement quelques photos.
L’espoir de rencontres inédites
Depuis 30 ans, Frédéric ne se lasse pas de ces spectacles, moments toujours un peu magiques. Un jour, par exemple, une carpe est venue longuement devant lui, comme si elle posait, lui laissant tout le temps de changer ses objectifs.
Je vois plus de couleurs dans le bassin d’Arcachon que dans le lagon de Tahiti où j’ai plongé.
Frédéric LamothePhotographe
La turbidité, l'ennemie du plongeur !
Tout à son admiration des fonds sous-marins, Frédéric Lamothe déplore toutefois l'aspect trouble de l'eau qui réduit de plus en plus la visibilité depuis quelques années. "Si on n’avait pas cette turbidité de l’eau, le bassin vaudrait largement les Caraïbes", assure-t-il. Un phénomène lié, selon lui, aux opérations de réensablage des plages.
Le travail de Frédéric Lamothe reste peu connu du grand public, alors qu'il est régulièrement présenté à la une des revues spécialisées.
Sur le bassin d’Arcachon, il expose dans des cabanes ostréicoles et observe les réactions des visiteurs. Comment imaginer l’existence d’un tel monde sous-marin, si près de nous ?
A travers mes expos, je cherche l’émerveillement pour faire réagir les gens et leur donner envie de protéger ces richesses naturelles
Frédéric LamothePhotographe
Frédéric Lamothe, aussi discret que ces modèles, a un rêve : celui d'exposer au Musée de la Mer de Bordeaux et de parvenir enfin à sensibiliser le plus grand nombre à la protection des milieux marins.