Le 25 février, l'eau passait encore par dessus bord sur le bassin d'Arcachon. Le résultat d'un épisode de fortes pluies, qui laisse de nouveau planer une menace sur la qualité de l'eau du bassin. Un plan de 11 millions d'euros vient d'être annoncé pour endiguer le phénomène.
“Il n’y a pas de quoi s’inquiéter, rassure le préfet de la Gironde, Etienne Guyot. Sur les 14 points de prélèvements ce matin, aucun n’est revenu positif. Même si nous n’avons pas encore le recul nécessaire pour voir les conséquences réelles sur le bassin. ”
Le préfet prend des pincettes, et pour cause. En décembre 2023, l’intensité des pluies tombées avait déjà mis en difficulté les installations du Syndicat intercommunal du bassin d’Arcachon (Siba). Conséquence, les huîtres ont été contaminées par un norovirus et interdites à la vente jusqu’au 19 janvier dernier. Plusieurs associations avaient porté plainte pour pollution et mise en danger de la vie d’autrui.
Des travaux immédiats
Après un mois et demi de discussions, l’heure était donc aux annonces pour tenter d’endiguer d’autres épisodes similaires. “Nous avons réussi à mobiliser 11 millions d’euros”, argue le maire d’Arcachon Yves Foulon.
Le réseau d'assainissement prend déjà en compte la population existante et l’afflux de population touristique.
Yves FoulonMaire d'Arcachon
Au-delà du volet financier, le préfet de la Gironde assure que ces travaux seront réalisés très rapidement, en lien avec les prévisions du profil de vulnérabilité conchylicole, établi en novembre 2022 : “Les travaux relatifs à la gestion des eaux pluviales s’établiront sur 3 ans au lieu de 10. Et ce, pour un montant de 6 millions d’euros, que l’Etat prend en charge à 50 %.” Dès 2024, 2,8 millions d’euros seront débloqués à ce sujet.
Un nouveau déversoir
L’autre partie du budget sera allouée au traitement des cours d’eau pour un budget de 5 millions d’euros, sur cinq ans. Parmi les travaux concrets annoncés, la mise en place d’un nouveau déversoir comme celui de Canterrane, à Gujan-Mestras. Construit en 2020, ce vaste étang de 18 hectares permet “de réguler les eaux et d’éviter les inondations”, explique la responsable du Siba, Sabine Jeandenand. Les premiers travaux de cette installation devraient débuter en septembre à la Teste-de-Buch.
L’acheminement des eaux pluviales va être modifié à certains endroits et plusieurs canalisations vont également être recalibrées. Quant au réseau d’assainissement, pris pour cible en décembre dernier, le maire d’Arcachon réfute tout besoin de travaux : “Le réseau prend en compte la population existante et l’afflux de population touristique. Nous sommes en capacité de traiter, collecter et rejeter les eaux dans des conditions normales”, maintient Yves Foulon.
Mobiliser les acteurs du bassin-versant
Selon la mairie, ces actions demandent surtout à être étendues au-delà du périmètre du bassin d’Arcachon, qui représente 900 km 2 sur les 4 000 km 2 du bassin-versant. “Nous demandons qu’il y ait le même engagement et le même type de travaux dans les Landes, le Médoc et le Val de l’Eyre, dont les eaux de pluie se déversent également chez nous”, lance Yves Foulon.
En attendant, les autorités savent qu’elles devront de nouveau faire face aux fortes pluies, dès ce week-end, le 9 et 10 mars. Un épisode de submersion marine particulièrement important devrait avoir lieu. La part d’imprévisible, compliquée à gérer selon le maire d’Arcachon : “Nulle part en France, on ne peut garantir qu’il n’y aura plus aucun problème. On mène une action de courte durée pour solutionner ce que l’on a vécu. Mais les intensités sont devenues imprévisibles et répétitives”, déplore l'élu.