Partis d'Ukraine en janvier, les danseurs du Grand ballet de Kiev vivent à distance l'invasion de leur pays par la Russie. Pour leur dernière date en France à La Teste-de-Buch (Gironde) ce 2 mars, ils ont livré une version du Lac des cygnes qui a conquis le public, avant de chanter l'hymne national.
Ce 2 mars, le théâtre Cravey de La Teste-de-Buch affiche complet pour l'interprétation du Lac des cygnes de Tchaïkovski par le Grand ballet de Kiev. La troupe ukrainienne clôt ce soir sa tournée française forte de 48 dates, alors que les principales villes du pays sont en proie aux bombardements russes.
En soutien, le drapeau jaune et bleu ciel flotte devant la salle. "Je suis pas venu par rapport au contexte : j'avais acheté les places il y a très longtemps déjà, confie Pascal, venu avec sa fille Maëlle. C'est forcément un peu plus touchant lorsqu'on sait ce qu'il se passe là-bas, mais on essaie d'apprécier le spectacle et de laisser les mauvaises pensées à l'extérieur."
Reportage de Mathilde Rezki et Thierry Gardet >
Prendre des nouvelles des proches
Les jeunes danseurs du Grand ballet de Kiev ont démarré leur tournée en France le 3 janvier, bien avant que les troupes russes n'envahissent l'Ukraine. Dans un métier où la rigueur est essentielle, les artistes tentent de garder la tête froide. "Lorsqu'ils appellent leurs proches, leurs amis, leurs parents, ils voient que ça peut aller là-bas, qu'ils sont sains et saufs. Donc ça aide au moral", souligne Yuri Kovalev, gérant de la tournée, lui-même ukrainien.
Ce sont des professionnels, ils respectent leur métier malgré la situation, les déplacements et le rythme de travail très élevé. Moi, je reste gentil avec eux et ça permet de garder une bonne atmosphère.
Yuri Kovalev, gérant de la tournée du Grand ballet de Kiev
Yuri Kovalev se dit fier que les danseurs aient décidé de se produire jusqu'à la fin de la tournée. Mais bientôt se posera la question du retour au pays. "Demain, ils prennent l'avion pour Varsovie [en Pologne, NDLR] où ils joueront dix dates supplémentaires. (...) La majorité ne souhaite pas rentrer en Ukraine et vont proposer leurs services à des troupes en Allemagne. Mais tout n'est pas encore bien décidé."
Se donner corps et âme
"J'avoue ne pas saisir complètement ce qu'il se passe en Ukraine, car je me consacre corps et âme à la danse et au public en ce moment. Mais c'est très important, en ces temps particuliers, de montrer au public du monde entier l'ampleur de la guerre qui déchire notre pays," glisse une danseuse avant de monter dans le bus.
"Se donner corps et âme" est mot pour mot ce qu'exalte l'hymne ukrainien, qu'elle a entonné sur scène avec ses compatriotes après le spectacle, avant de brandir le poing, sous un tonnerre d'applaudissements. "J'ai pleuré, puisque les paroles expliquent que nous nous battrons jusqu'au dernier, glisse-t-elle. Ce moment-là de l'hymne, c'est exactement ce que nous vivons. C'est un appel à tous les Ukrainiens pour se battre jusqu'à la fin."