Nouveaux puits de pétrole à la Teste-de-Buch : "Je comprends que ça puisse troubler", reconnaît Christophe Béchu

Ce projet de huit nouveaux forages près d'Arcachon suscite l'indignation des militants écologistes. Parmi eux, Camille Etienne dénonce "un vrai scandale environnemental".

'"Il y a parfois des projets qui heurtent le bon sens", reconnait Christophe Béchu. Lorsqu'on lui demande s'il soutient le nouveau projet de forage de pétrole à la Teste-de-Buch en Gironde, le ministre de la Transition écologique répond qu'il "comprend que ça puisse troubler". Ce qui ne l'empêche pas d'ajouter que "tant qu'on a encore besoin de pétrole, il vaut mieux qu'il vienne d'ici plutôt que du bout du monde". 

Huit nouveaux puits d'hydrocarbure, exploités par la société canadienne Vermilion, pourraient bientôt être creusés en Gironde, après un avis favorable reçu à l'issue de l'enquête publique. C'est le préfet qui aura le dernier mot dans cette affaire.

Depuis l'annonce, les écologistes se mobilisent contre le projet, qui doit voir le jour au milieu de la forêt de la Teste-de-Buch, frappée par les méga-feux de l'été 2022. La militante Camille Etienne dénonce "un vrai scandale environnemental". 

C'est extrêmement cynique, c'est pile là où on perdait 7 000 hectares de forêt à cause d’incendies ravageurs, il y a tout juste un an.

Camille Etienne, militante écologiste

franceinfo

"C'est là où il y avait des flammes terribles, où des forêts sublimes ont disparu sous nos yeux", continue l'activiste, interrogée sur franceinfo. 

"C'est avant tout un très mauvais signal", renchérit Vital Baude, conseiller régional EELV de Nouvelle-Aquitaine. Il s'agit surtout d'un problème de discours, selon l'élu écologiste, alors que s'ouvre la Cop28 à Dubaï. "On ne peut pas donner des leçons à la terre entière, se promener dans les différentes COP et inciter les pays du monde à être vertueux et continuer ce type d'exploitation", estime-t-il. 

Il y a quelques jours, c'est l'ex-candidat à la présidentielle, Yannick Jadot (écologistes), qui a interpellé Christophe Béchu sur le sujet. "Pour les scientifiques du GIEC, une seule solution s’impose maintenant : engager la sortie des énergies fossiles en commençant par stopper tout nouveau projet de charbon, de pétrole, de gaz. Ce devrait être la seule boussole du président Macron", a-t-il lancé au ministre de la Transition écologique. 

La fin des exploitations en 2040

En France, la loi Hulot votée 2017 prévoit l'interdiction de puiser des hydrocarbures dans le sol à partir de 2040. Par ailleurs, elle interdit d'ores-et-déjà toute nouvelle exploration d'énergie fossile. Mais le projet de la Teste-de-Buch ne tombe pas sous le coup de la législation, selon Christophe Béchu. "Ce ne sont pas de nouvelles exploitations, explique le ministre, on est sur un champ existant, ce sont des poursuites d'exploitation."

A l'inverse, Vital Baude estime que l'esprit de la loi Hulot n'est pas respecté. "Les citoyens sont très étonnés que cette loi soit bafouée, si on veut mettre en cohérence les paroles et les actes, il faut donc arrêter les nouveaux forages et tout faire pour investir vers la transition écologique." 

Face aux critiques, le ministre de la Transition rappelle la dépendance de la France aux hydrocarbures.

Si on arrête de faire venir du pétrole, on n'aurait plus de solution de mobilité pour les gens qui n'ont pas de véhicules électriques ou de solution en transports en commun.

Christophe Béchu

ministre de la Transition écologique

Produire du pétrole en France

Alors quitte à avoir besoin de pétrole, il vaut mieux, selon Christophe Béchu, le produire en France. "L'hypocrisie environnementale, ça serait de dire : je refuse des puits de pétrole ici, mais on va continuer à en acheter à des dictatures qui utilisent ensuite cet argent parfois pour soutenir des mouvements qui nous combattent."

A l'inverse, Vital Baude appelle plutôt à "laisser ces ressources en place, pour qu'elles puissent en disposer, au cas où elles seraient stratégiques". "Le jour où on aura réussi à se passer des importations de pétrole, parce qu'on aura réussi la transition énergétique, il y aura peut-être des process industriels ou des domaines stratégiques où on aura encore besoin de petites quantités de pétrole", argumente l'élu régional. 

A noter que la France produit 1% du pétrole qu'elle consomme, le reste étant importé. Les nouveaux forages à la Teste-de-Buch devraient permettre "d'atteindre des réserves pétrolières jusque-là non exploitées", explique l'entreprise canadienne. Sur le site de Cazaux, où une cinquantaine de puits sont déjà en activité, avec une production actuellement estimée à 1 500 barils/jour. 

Selon l'entreprise, la quantité de pétrole extraite chaque année ne devrait pas augmenter, ces nouveaux puits servant à compenser l'épuisement de cette ressource non-renouvelable, et donc le déclin annuel de la production. 

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