Chaque troisième jeudi de février depuis près de huit siècles, la tradition est respectée. La fête des bœufs gras de Bazas (Gironde) fait défiler dans ses rues les plus beaux spécimens des élevages alentours. L'an dernier, seul le concours avait pu se tenir. Les spectateurs et participants sont venus par milliers pour pour honorer l'excellence de cette race bovine.
Une 739ème édition qui sent bon le terroir et les retrouvailles après une année "sans". Car même si le concours avait pu se tenir, il n'y a pas eu de véritable fête en 2021.
Cette année, éleveurs, bouchers et spectateurs étaient au rendez-vous, encore un peu cadrés par les mesures sanitaires et "gestes barrières".
Chaque année, le même rituel
Pas de quoi gâcher la fête. La célébration suit le même rituel chaque année.
- Les bœufs et leur attelage sont décorés et accompagnés par les éleveurs.
- Après la pesée, les éleveurs les font défiler dans les rues s'arrêtant à chaque boucherie de la ville, se faisant offrir quelque chose : un verre, des merveilles ou autres (interdit cette année malheureusement).
- Après le concours, les bœufs sont accompagnés, une dernière fois et en musique, par la foule, les échassiers et musiciens... vers les abattoirs, derrière la cathédrale de Bazas.
C'est une fête traditionnelle colorée, joyeuse et conviviale à laquelle participent tous les acteurs de la ville mélangeant les générations. C'est aussi l'occasion d'assister à des intronisations de personnalités locales ou parisiennes.
Depuis quelques années, beaucoup de touristes viennent partager ce moment. Notre équipe a, par exemple, pu croiser des touristes boliviens venus découvrir cette manifestation annuelle bien de chez nous.
La race bazadaise
Élevé d'abord au lait maternel, le bœuf bazadais poursuit sa croissance dans les pâturages identifiés (une vaste zone englobant la Gironde, une partie des Landes, quelques zones du Gers et du Lot-et-Garonne) avec pour alimentation de l'herbe en extérieur puis un engraissement en étable (céréales), et ne sera abattu qu'après trois ans d'élevage.
La viande sera alors maturée en réfrigérateur de façon à acquérir ses qualités gustatives, à l'équilibre "persillé" très appréciés des amateurs.
Le bœuf de Bazas bénéficie d’un Label Rouge et d’une Identification Géographique Protégée (I.G.P).
"Promouvoir la bonne viande sur ce territoire, c'est une fierté !"
Vincent Ducasse est éleveur de Bazadaises à Tartas, dans les Landes. Il ne cache pas sa joie de retrouver l'événement. "Avec la période que l'on a connue, pouvoir revenir pour promouvoir la bonne viande sur ce territoire, c'est une fierté !" Même son de cloche chez les visiteurs : "on retrouve un peu de monde, on revit un peu", se réjouit l'un d'eux.
Un peu après midi, les bœufs gras sont arrivés et ont été sortis des camions. Un exercice toujours délicat. Le stress peut provoquer chez les bêtes des réactions brusques : "C'est un moment assez difficile, car on sort les animaux de leur contexte", livre Benoit Loche, éleveur de Bazadaises à Geaune, dans les Landes. "Je peux vous assurer que celui que l'on vient de décharger, c'est le plus brave !"
Une vache romaine
L'espèce bazadaise serait une des plus anciennes connues. Sa présence remonterait à l'époque romaine et aurait ensuite été apportée par les maures. Selon certaines hypothèses, elle serait issue du croisement du type ibérique, à l’origine des races pyrénéennes, avec le type d’Aquitaine.
Plus proche de nous, c'est à la fin des années 1970 que l'on décide de revaloriser la race bazadaise en créant, en 1978, un programme de gestion génétique avec pour objectif de lutter contre la consanguinité et de développer l’insémination artificielle.
En 1992, on instaure le fichier racial installé sur le site du centre régional informatique de Soual (ARSOE).
Aujourd’hui, la race bazadaise compte 3.300 animaux dans le grand Sud-Ouest, de la Gironde au massif Pyrénéen.
Regardez le reportage de Sandrine Valéro, Taliane Elobo et Charles Rabréaud