Bordelais depuis dix ans maintenant, Alaa Ashkar, palestinien, s’apprête à tourner un film produit en crowdfunding. Son but : parler de la mémoire dans les sociétés comme facteur de construction.
Le projet est aussi de réfléchir sur la question de la colonisation sur l'ensemble de la Palestine historique. Ce cinéaste a déjà réalisé un film, "Route 60". La Route 60 traverse du Nord au Sud la partie de la Palestine située en Cisjordanie. Ce film fut « Un périple poétique dans la vie quotidienne des Palestiniens, en Cisjordanie,à la rencontre de rêves et de passions, de l’espoir et du désespoir… »
Nous avons saisi l'occasion pour l' interroger sur ce nouveau projet :
Vous mêlez votre parcours personnel et la problématique des territoires palestiniens dans ce projet de film ? Comment conciliez vous cette notion de l'intime, de la famille et ce type de sujet de géopolitique ?
Derrière les barrières imposantes qui séparent les gens dans le conflit Israélo-Palestinien ce sont des humains. Si je pense par exemple aux mots abstraits qui ressortent du conflit, me vient alors à l’esprit des notions telles que l’injustice, la dépossession, le manque, l’espoir, l’envie, la reconnaissance, l’occultation…etc. Ce sont des ressentis que chacun, peu importe d’où il vient, pourrait vivre à un moment donné dans sa vie. Mon but dans mon travail cinématographique est d’humaniser le Palestinien au delà des clichés médiatiques du conflit… J’ai trouvé intéressant d’utiliser les barrières de l’occupation comme une métaphore de ce que je traverse personnellement, pour dire que ce conflit ne concerne pas uniquement une région lointaine abstraite, c’est plutôt un sujet universel sur la liberté de penser et le choix de son destin.
Comment percevez vous vu de Bordeaux les regains de tension et de violence dans les territoires occupés ? Vous vous trouvez dans cet entre deux ?
Je me sens une responsabilité plus grande pour changer les mentalités parce qu’il est vrai qu’ici en Europe je bénéficie des privilèges de liberté dont je ne bénéficierais pas en Palestine/Israël. J’entretiens toujours des liens avec là bas en étant ici, à travers mes œuvres cinématographiques. Je me vois comme un pont.
Comment se fait ici à Bordeaux la perception autour de vous, de vos amis bordelais, de vos connaissances, de ces tragiques événements ?
Quand je suis venu en Europe pour la première fois il y a 10 ans, j’ai été frustré de voir combien les gens étaient ignorants par rapport au conflit. En même temps, j’ai découvert combien, moi aussi, j’étais ignorant de ma propre histoire Palestinienne en ayant grandi dans la bulle israélienne. Petit à petit, j’ai compris que l’ignorance et les préjugés sont des phénomènes mondiaux. Paradoxalement, c’est ce voyage à l’étranger et l’interaction avec l’Autre qui m’ont permit de m’enrichir culturellement et humainement. A mon avis, l’ignorance est due à la peur de l’inconnu ; à la peur de donner et de céder. C’est pourquoi on cherche toujours à s’enfermer, surtout dans des périodes de crises… On a peur de découvrir et d’aller au delà. Malheureusement dans ces périodes, au lieu de faire des projets communs, les Politiques exploitent la peur pour servir leur soif de conquête du pouvoir. Je le vis en France à travers le discours sur l’immigration par exemple. Je crois que le mur entre Israéliens et Palestiniens est intiment lié à ce désir cupide de puissance, mais il n’existe pas que là bas, il est alimenté dans la tête des gens ici aussi.
Le cinéma me permet de transgresser la dimension tragique de l’Autre, pour proposer une perception humaine de lui, moins réductrice. Car cet Autre fait partie de nous même, mais on a peur de le découvrir.
Nous avons saisi l'occasion pour l' interroger sur ce nouveau projet :
Vous mêlez votre parcours personnel et la problématique des territoires palestiniens dans ce projets de film ? Comment conciliez vous cette notion de l'intime, de la famille et ce type de sujet de géo-politique ?
Derrière les barrières imposantes qui séparent les gens dans le conflit Israélo-Palestinien ce sont des humains. Si je pense par exemple aux mots abstraits qui ressortent du conflit, me vient alors à l’esprit des notions tels : injustice, dépossession, manque, espoir, envie, reconnaissance, occultation…etc. Ce sont des ressenties que chacun, peut importe d’où il vient, pourrait vivre à un moment donné dans sa vie. Mon but dans mon travail cinématographique c’est d’humaniser le Palestinien au delà des clichés informatifs du conflit… J’ai trouvé intéressant d’utiliser les barrières de l’occupation comme une métaphore de ce que je traverse personnellement, pour dire que ce conflit ne concerne pas uniquement une région lointaine abstraite, c’est plutôt un sujet universel sur la liberté de penser et le choix de son destin.
Comment percevez vous vu de Bordeaux les regains de tension et de violence dans les territoires occupées ? Vous vous trouvez dans cet entre deux ?
Je me sens une responsabilité plus grande pour changer les mentalités parce qu’il est vrai qu’ici en Europe je bénéficie des privilèges de liberté que j’en bénéficierais pas en Palestine/Israël. Je reste toujours en lien avec là bas en étant ici à travers mes œuvres cinématographiques. Je me vois comme un pont.
Comment se fait ici à Bordeaux le perception autour de vous, de vos amis bordelais, de vos connaissances, de ces tragiques événements ?
Quand je suis venu en Europe pour la première fois il y a 10 ans, j’ai été frustré de voir combien les gens étaient ignorants par rapport au conflit chez nous. En même temps, j’ai découvert combien, moi aussi, j’étais ignorant de ma propre histoire Palestinienne ayant grandi dans la bulle israélienne. Petit à petit, j’ai compris que l’ignorance et les préjugés ce sont des phénomènes mondiaux. Paradoxalement, c’est ce voyage à l’étranger et l’interaction avec l’Autre qui m’ont permit de m’enrichir culturellement et humainement. A mon avis, l’ignorance est due à la peur de l’inconnu ; à la peur de donner et de céder. C’est pourquoi on cherche toujours à s’enfermer, surtout dans des périodes de crises… On a peur de découvrir et d’aller au delà. Malheureusement dans ces périodes, au lieu de faire des projets communs, Les Politiques exploitent la peur pour servir leurs intérêts de conquête du pouvoir. Je le vis en France à travers le discours sur l’immigration par exemple. Je crois que le mur entre Israéliens et Palestiniens est intiment lié à ce désir cupide de conquête de pouvoir, mais il n’existe pas que là bas, il est alimenté dans la tête des gens ici aussi.
Le cinéma me permet de transgresser le tragique réducteur de l’Autre inconnu, pour proposer une perception humaine de lui. Car cet Autre fait partie de nous même, mais on a peur de le découvrir.