Alain Juppé a reçu une trentaine de gilets jaunes jeudi soir dans une salle municipale de l'Athénée St-Christoly. Il leur notamment demandé d'établir un itinéraire afin de sécuriser la manifestation de ce samedi. Il est d'accord pour mettre à leur disposition une salle de réunion.
"On s'est écouté, on s'est respecté, dans un climat sincère, c'était pas inutile" a indiqué Alain Juppé à la sortie d'une rencontre inédite avec une délégation de gilets jaunes, smartphone en main pour filmer les débats.
Une réunion "demi-productive" selon les gilets jaunes eux-mêmes, satisfaits malgré tout d'avoir pu "parler de choses concrètes".
Sécuriser la manifestation du 15 décembre
Le maire de Bordeaux leur a demandé d'établir un trajet sécurisé autour du nouveau rassemblement prévu samedi dans le port de la lune.
"Je n'ai pas envie ni pour eux ni pour nous que se reproduise ce qu'il s'est passé à Bordeaux les deux samedis précédents. On va peut-être essayer de trouver une solution en organisant un peu mieux les défilés de façon à ce qu'ils soient sécurisés" a t-il indiqué aux journalistes après la réunion.
Les gilets jaunes sont tout à fait d'accord "pour sécuriser un maximum de citoyens et de manifestants" mais ils refusent de demander une autorisation de manifester auprès de la Préfecture, comme la loi l'exige.
Certains ont vivement dénoncé le comportement des forces de l'ordre. Evoquant des "gazages", "abusifs", "démesurés", ou des policiers qui veulent "casser du crâne". "Dites-leur d'arrêter!" lance un homme.
"S'il y a moins de violence de leur part, il y en aura moins de notre part", glisse une femme, vivement applaudie.
Une salle pour se réunir et recevoir des spécialistes
"On veut récupérer des salles pour les assemblées citoyennes" explique une gilet jaune. "Mr Juppé est ouvert".
J'espère qu'on aura ces salles pour recevoir des personnalités compétentes, pour nous parler du climat, de la transition écologique, de l'économie. Pour informer et former chaque citoyen qu'il soit gilet jaune ou pas" a t-elle expliqué à l'issue de la réunion.
Le maire de Bordeaux a donné son accord sur ce point. "Je n'y vois aucun inconvénient" assure t-il mais "à condition qu'on ait un correspondant pour savoir à qui on s'adresse".
Le référendum d'initiative citoyenne
Pendant cette rencontre d'une heure et demi, a également été mis sur la table la volonté d'obtenir un référendum d'initiative citoyenne.
"Je suis gaulliste, alors, le référendum ça me plaît bien", a souri le maire de Bordeaux, tout en se montrant perplexe sur la question.
Les gilets jaunes expliquent "vraiment vouloir changer de système. L'idée d'un référendum c'est une restructuration complète de la Constitution pour remettre l'humain et la dignité au centre". "Dans une société post-industrielle il est anormal que des gens vivent dans la rue indignement".
Alain Juppé en relais
Les gilets jaunes bordelais espèrent qu'Alain Juppé, ancien premier ministre, puisse faire "pression un peu plus haut pour nous aider à atteindre notre objectif".
De nombreuses questions de fond ont été abordées "qui ne seront pas résolues à l'issue d'une réunion comme celle-là" a déclaré le maire de Bordeaux qui a écouté les revendications avec beaucoup d'attention.
"Les gilets jaunes se sont exprimés avec tout leur coeur".
"Je leur ai dit que je comprenais cette souffrance par ce que c'est vrai que les inégalités se sont profondément creusées en France depuis quelques années".
"J'ai enregistré tout cela. Je vois bien leur détermination à aller loin pour ne pas lâcher comme ils disent".
Dans le reportage qui suit, quelques extraits des discussions et les réactions d'Alain Juppé et de Catherine, gilet jaune.