Arrachage des vignes : les doutes des viticulteurs après la visite du ministre en Gironde

C'était attendu des petits viticulteurs confrontés à une crise sans précédent. Le plan d'arrachage sanitaire de vignes a été lancé officiellement ce lundi 5 juin 2023 dans l'entre-deux-mers par Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture. Il concerne 10% de la surface du vignoble bordelais, soit 9500 hectares.

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"On n'est pas en crise, on est en guerre" s'écrie Didier Cousiney, président du collectif des Viticulteurs de Gironde. Le ton est donné pour la visite de Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, à Salleboeuf, sur un domaine viticole, au lendemain de deux épisodes de grêle dans le Bordelais

Les vignerons ne cessent ainsi d'être confrontés aux aléas climatiques depuis 2017 à cause du réchauffement climatique. Mais aujourd'hui, il est surtout question de surproduction au moment où Bordeaux ne commercialise plus que 3,8 millions d'hectolitres par an. Le vin rouge est boudé en France comme à l'étranger d'année en année, en dehors des grands crus. 

"Il y a eu – 13 % de ventes de rouge en 2022, - 7 % de rosé et – 2 % de blanc. Et la situation se dégrade encore."

Bernard Farges, Vice-président du conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB)

Dans la matinée, toute la filière est venue témoigner, au cours d'une table ronde, de l'état de fragilité du secteur, notamment les petits producteurs de vin, très nombreux en Gironde.

"On a des cris de détresse des viticulteurs qui n'en peuvent plus avec les prêts bancaires, le PGE (prêt garanti par l'Etat)." témoigne Didier Cousiney, président du collectif des Viticulteurs de Gironde.

"Vingt ans sans pouvoir rien faire sur ces parcelles arrachées, c'est mal pris dans les campagnes"

Le ministre est venu signer avec la Région et le CIVB une convention inédite d'aide à "l'arrachage sanitaire" de vignes en friche ou sur le point d'être abandonnées. La mesure vise à prévenir les risques de propagation de maladies par les ceps laissés à l'abandon. 

"L'État met 30 millions d'euros qui pourront passer à 38, la Région 10 millions et le CIVB, 19 millions", précise Marc Fesneau. L'enveloppe annoncée (avec 6000 euros par hectare arraché) est donc augmentée de 10 millions par rapport à l'annonce initiale du 1er mars.

"Certains vont aller vers ce dispositif, d'autres le trouvent trop contraignant et n'iront pas. Mais nous savons qu'il faut le faire fonctionner maintenant", dit Bernard Farges.

Pour Didier Cousiney et le collectif "Viti 33", le compte n'y est pas, au regard de la situation de crise. "Nous avions demandé une enveloppe de 10 000 euros par hectare pour arracher entre 15 à 20 000 hectares".

Le viticulteur s'interroge aussi sur les modalités d'arrachage et l'avenir des parcelles.

Vingt ans sans pouvoir rien faire sur ces parcelles arrachées, c'est mal pris dans les campagnes. C'est une hérésie.

Didier Cousiney - président du collectif des Viticulteurs de Gironde

"Il faudrait pouvoir garder les terres en propre et en faire quelque chose, soit de l'alimentation animale, soit humaine", a-t-il lancé en évoquant aussi "de nombreux jeunes exploitants qui ne savent pas s’ils vont continuer".

Les aides ne représentent pas "un solde de tout compte", a répondu Marc Fesneau, ouvrant la voie à des prêts bonifiés pour "être offensif collectivement" à l'export. Il a également promis "au niveau européen" un prochain dispositif de distillation des excédents, afin de réduire les volumes "pour faire face à cette crise qui est une crise de consommation".

L'arrachage devrait débuter en octobre, après les vendanges.

(Avec AFP)

 

 

 

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