Alors que plus d'un tiers des exploitations viticoles de Gironde se disent en difficulté, l'Etat et la Région Nouvelle-Aquitaine annoncent, ce mercredi 1er mars au Salon de l'agriculture de Paris, un dispositif pour accompagner des viticulteurs dans l'arrachage sanitaire des vignes et réorienter les exploitations en crise.
Après avoir annoncé, début février, une enveloppe de 160 millions d'euros pour financer une distillation de crise, principalement dans le Bordelais, le ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ressort le chéquier pour soutenir le secteur viticole girondin, fragilisé par une profonde crise des prix et des volumes.
Lors d'un point presse au Salon de l'agriculture de Paris ce mercredi, Marc Fesneau a annoncé le déblocage de 30 millions d’euros de fonds d’État, pour financer l’arrachage des vignes. Cette première enveloppe pourrait être rallongée de 8 à 10 millions d'euros supplémentaires en fonction des besoins.
Le fond, complété par le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux, pourrait s’élever au total à 57 millions d'euros.
On a des vignes qui sont abandonnées du fait d'un marché économique qui n'existe plus, cela pose des problèmes sanitaires, c'est pourquoi nous prenons des mesures d'arrachage
Marc Fesneau, ministre de l'Agricultureà France 3 Nouvelle-Aquitaine au Salon de l'agriculture de Paris
Ce plan d'aide à l'arrachage sanitaire vise à prévenir les risques de propagation de maladies par les ceps laissés à l'abandon. Il complète la campagne de distillation, financée en deux fois par l'Etat et l'Europe, à hauteur de 160 millions d'euros, "avec l'objectif d'atteindre 200 millions d'euros avec des fonds de réserve de crise", précise Marc Fesneau.
La filière bordelaise est emblématique des vins français. Nous sommes face à une situation de crise qui menace d'effondrer tout un pan de ce fleuron de la viticulture française
Marc Fesneau, ministre de l'Agricultureà France 3 Nouvelle Aquitaine
La Région met 10 millions pour la reconversion d'exploitations
Aux côtés de Marc Fesneau sur le stand de la Région Nouvelle Aquitaine du salon, le président Alain Rousset a annoncé aussi des mesures d'aides spécifiques pour contribuer au plan de sortie de crise.
La Région mobilisera ainsi 10 millions d'euros "sur les années à venir" pour accompagner au moins 300 viticulteurs dans leurs projets de réorientation des exploitations. L'aide moyenne s'élèvera de 25 à 35 000 euros par exploitation.
Il y a un enjeu économique sur la restructuration de la profession en passant à d'autres activités, d'autres productions
Alain Rousset, président de la Région Nouvelle Aquitaineà France 3 Nouvelle Aquitaine
Dans un communiqué, la Région précise que les projets des exploitations vitivinicoles désireuses de réorienter leur production devront être conformes à Néo Terra, la feuille de route destinée à accélérer la transition écologique et énergétique.
Il s'agit en clair de pratiques adaptées au changement climatique, hydroéconomes et économes en intrants, par exemple des plantations d'oliviers, de noisetiers, de l'élevage bovin...
L'objectif, c'est que les viticulteurs de Bordeaux trouvent foi dans leur métier, leur filière et dans ce vin formidable qui a besoin d'évoluer, comme tous les secteurs.
Marc Fesneau, ministre de l'Agricultureà France 3 Nouvelle-Aquitaine
A la veille de ces annonces au Salon de l'agriculture de Paris, le collectif des vignerons girondins avait réclamé un arrachage définitif primé à 10 000 euros par hectare.
Pour ce collectif, les aides annoncées ce jour restent insuffisantes car les difficultés vont perdurer. Il réclame des états généraux de la viticulture.