Bordeaux : contraints d'arracher leurs vignes, les viticulteurs demandent des aides financières de l'Etat

Victime d'une surproduction et d'une baisse des prix, le vignoble bordelais est en crise. Des viticulteurs manifesteront mardi 6 décembre à Bordeaux pour réclamer un plan d'arrachage subventionné de plusieurs milliers d'hectares de vignes.

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"Arracher est la seule solution." Didier Cousiney est catégorique. La viticulture bordelaise est "dans le gouffre", et n'en sortira pas sans aide de l'Etat.
Le viticulteur est le porte-parole du collectif à l'origine d'une manifestation prévue mardi 6 décembre à Bordeaux, afin de réclamer des subventions pour l'arrachage d'au moins 15 000 hectares de vignes. 

Le vignoble bordelais, qui s'étend actuellement sur 110 000 hectares, dont 85 % de rouge, souffre en effet d'une surproduction. "On a un million d'hectolitres en trop, l'offre n'est plus adaptée à la demande", martèle Didier Cousiney. Les viticulteurs sont confrontés à une baisse des ventes et une dégradation de leur réputation, avec des vins jugés trop chers ou pas assez respectueux de l'environnement.
En contrepartie de l'arrachage, les vignerons espèrent toucher 10 000 euros de subventions par hectare concerné, ce qui représenterait une enveloppe de 150 millions d'euros.  L'arrachage permettrait de rééquilibrer le marché, alors que les anciens prennent leur retraite. 

"On demande tout simplement à l’Etat de nous aider à quitter dignement notre métier. Un viticulteur sur deux approche les 60 ans. On demande un sauvetage, de l’argent, car quand on veut, on en trouve." 

Didier Cousiney

à rédaction web France 3 Aquitaine

Des revendications légèrement supérieures à celles du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), qui réclame des aides pour l'arrachage de 10 000 hectares. "Il faut savoir qu’un viticulteur ne peut pas abandonner ses vignes, c'est interdit. Donc, celui qui veut partir à la retraite et abandonne tout va avoir de gros soucis. Ils doivent arracher, mais cela ça coûte entre 2000 et 3000 euros en coût technique. On parle d’entreprises en grandes difficultés, c'est pour ça qu'on parle de la nécessité d’un plan social", explique le CIVB. 

Une crise difficile à surmonter

Baisse de la consommation, hausse des coûts de production, crise du Covid-19... Différents facteurs récents ont en effet plongé le secteur - à l'exception des grands crus - dans une grave crise. Ou plutôt, n'ont fait qu'empirer une situation déjà alarmante. Pour Didier Cousiney, le secteur n'a en effet jamais vraiment su remonter la pente après la crise de surproduction des années 2000, qui avait déjà mené à une opération d'arrachage.

Si tous ses acteurs ne sont pas en sévère difficulté, la situation des plus touchés se répercute sur le reste de la filière. "On a environ 10 % de la filière, en termes de surface, de production ou d’exploitations, qui va très mal et cela pèse sur l’ensemble", indiquait Allan Sichel, président du CIVB, à l'AFP. 

"Ça fait vingt ans qu'on perd de l'argent"  

"Ça fait 20 ans qu'on perd de l'argent", assure de son côté Didier Cousiney. Le tonneau de 900 litres de vin se vend aujourd'hui à environ 600 euros, "voire plus du tout, car personne n'en veut", alors qu'il faut "environ 1 200 euros pour couvrir les frais de production". 

A Bordeaux, les manifestants se rejoindront à 9h00 ce mardi pour rejoindre la préfecture et faire entendre leurs revendications. Un mouvement qui pourrait être suivi par d'autres : le bordelais n'est pas le seul vignoble à souffrir de la crise selon Didier Cousiney. "Le Languedoc et les Bouches du Rhône ont aussi tiré la sonnette d'alarme.

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