L'interprofession des vins de Bordeaux prône un plan d'arrachage subventionné de vignes. 10 000 hectares du vignoble seraient concernés. Conséquence de la surproduction et de la crise économique qui frappe le bordelais. Mais ce plan d'arrachage reste à financer.
Fabien Ribéreau, vigneron de 49 ans dans l'Entre-deux-mers, a le coeur lourd. Ces derniers mois, il a arraché 9 hectares de vignes pourtant en pleine santé.
Devant cet énorme tas de ceps à détruire, il explique à nos reporters Jean-Pierre Stahl et Laure Bignalet pourquoi il a dû se résoudre à arracher près d'un cinquième de son vignoble.
C'est un crève-coeur d'arracher ses vignes (...) c'est quand même un aveu d'échec
Fabien Ribéreau, vigneron Château Bellevue
Un marché du bordelais en crise
Fabien Ribéreau explique qu'il a arraché ses vignes à ses frais, en espérant des jours meilleurs. Et sans attendre un plan d'arrachage subventionné, comme l'envisage l'interprofession pour équilibrer le marché de l'offre et de la demande.
Il n'arrive plus financièrement à entretenir la totalité de son vignoble. Les coûts de production augmentent et les prix de vente de son vin au négoce sont en dessous du prix de revient.
Pour vivre convenablement, il faudrait un prix de 1,5 à 2 euros le litre. Aujourd'hui, on est à peu près à 1 euro.
Fabien Ribéreau
Certains de ses confrères ont vendu le litre à 70 centimes pour faire de la place à la nouvelle vendange.
Les vins de Bordeaux subissent les effets de la concurrence internationale, d'une baisse des ventes en Chine et aux Etats-Unis, suite à la taxe Trump. En France aussi, les Bordeaux se vendent moins dans la grande distribution ou chez les restaurateurs.
A cela s'ajoutent des épisodes de gel et de grêle à répétition et les attaques parasitaires du mildiou qui ont mis à mal des petites propriétés mais qui ont aussi permis un certain rééquilibrage du marché, explique cette publication du Blog "Côté Château".
Arracher pour rééquilibrer le marché
La Gironde, plus grand département viticole de France, produit en moyenne 4,3 millions d'hectolitres, ces cinq dernières années. Mais seulement 4 millions d'hectolitres sont vendus et le prix du vin en vrac reste trop bas.
Le prix moyen du tonneau de 900 litres est de mille euros. Mais il peut tomber à 600-650 euros s'alarment des vignerons.
Pour adapter l’offre à la demande, l’interprofession bordelaise avance le chiffre de 10 000 hectares à arracher, soit presque 10 % des 108 000 hectares du vignoble.
Le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux prône la mise en place d'un programme d'arrachage subventionné, pour inciter et dédommager des vignerons à se séparer d'une partie de leurs vignes, explique Allan Sichel président du CIVB.
La situation est très très difficile pour les viticulteurs, bien souvent ceux qui sont en fin de carrière
Allan Sichel, président du CIVB
Le précédent plan d'arrachage avait concerné 3500 hectares, il y a 15 ans. L'Europe devra autoriser ce nouveau dispositif. Quant à son financement : l'Union européenne et de l'Etat seront sollicités.