Deux mois après les violents orages de grêle qui ont sévi en Gironde, les viticulteurs sont invités à remplir des demandes d'indemnisation. Mais le montant des aides promises s'annonce déjà insuffisant pour compenser l'ampleur de leurs pertes.
Ce mois de septembre marque traditionnellement la saison des vendanges. Mais lorsqu'il déambule sur son exploitation, à Saillans, dans le nord Gironde, Benoît Soulies ne se fait guère d'illusions sur la récolte à venir. Près de 90 % de son domaine viticole a été détruit par le déluge de grêle qui s'est abattu sur la Gironde le 20 juin. "On va perdre quasiment la totalité des vendages, constate-t-il. Sur nos vignes le feuillage a repris, mais toutes les grappes ont été décimées : il y a très peu de grains qui sont bons à ramasser".
Selon ses estimations, son rendement devrait osciller entre entre 3 et 5 hectolitres par hectare, contre 36 habituellement. Il s'attend à devoir diviser son chiffre d'affaires divisé par 10.
Deux années consécutives d'aléas climatiques
Un coup dur qui s'ajoute aux épisodes de gel subis en 2021. "Cela fait deux années, coup sur coup, où on subit de sérieux aléas climatiques, ce qui impacte la survie de notre propriété".
Certes, des aides existent. Un fonds de solidarité a été créé pour venir en aide aux agriculteurs. Un guichet unique a été mis en place par la chambre d'Agriculture de la Gironde, afin de permettre aux agriculteurs de demander des indemnisations. Les dossiers doivent être complétés avant le 21 septembre.
Mais Benoît Soulies reste pessimiste : " L'an dernier, on a envoyé tous les documents on a toujours rien eu comme indemnités. Donc cette année, on a également tout envoyé, mais si ça met autant de temps, on aura le temps de déposer le bilan", soupire-t-il.
Un montant jugé insuffisant
Le montant de l'aide interpelle également le viticulteur. "Cette aide a vocation à apporter un appui aux situations de grande fragilité dans la limite de 5.000€/exploitation", précise la chambre d'Agriculture. Or, Benoît Soulies estime ses pertes entre 200 000 et 300 000 euros.
"C'est un geste, c'est sympa, mais ca va pas rembourser nos frais de culture", constate-t-il, avec amertume. Lui reste l'assurance contre la grêle, qu'il a souscrite, mais qui, elle aussi, s'appuiera sur les chiffres réalisés les années précédentes, et notamment l'année 2021, marquée par le gel.
Aujourd'hui, la seule solution pour s'en sortir c'est l'entraide entre vignerons, et de nous battre pour trouver des nouveaux clients. On est un peu résignés.
Benoît Soulies, viticulteur à Saillans (33)Source : France 3 Aquitaine
Plus de 600 agriculteurs girondins sont concernés
Selon les chiffres de la chambre d'Agriculture de la Gironde, plus de 600 agriculteurs ont déclaré avoir subi des pertes significatives après les orages du mois de juin. "Un premier fonds de solidarité avait été ouvert au mois de juillet pour gérer l'urgence de remise en culture pour les maraîchers et les éleveurs qui avaient perdu leur fourrage", explique Philippe Abadie, directeur du pôle entreprises de la chambre d'Agriculture de Gironde.
Depuis le 1er septembre, un nouveau fonds est donc rouvert à destination de tous les agriculteurs touchés, soit, dans le département une majorité de viticulteurs. "On attend plusieurs centaines de demandes", assure Philippe Abadie.