Les bières artisanales moussent à flot en Gironde

En deux ans, le nombre de brasseries artisanales en Gironde a flambé de 65%. Même Bernard Magrez, l'homme aux 40 châteaux, propriétaire de quatre grands crus classés, veut rejoindre ce marché très porteur.

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Elles étaient 32 en 2018. Elles sont aujourd'hui 53. Les brasseries artisanales se font mousser en Gironde. Au point d'étonner Vincent Soulas, co-gérant de la Brasserie Gasconha.
"Ça commence à faire beaucoup. Il y a de la place pour tout le monde. Mais ça ressemble à un sprint un peu houleux" analyse-t-il. "La semaine prochaine,  une brasserie sera mise en vente aux enchères suite à une liquidation judiciaire. C'est la première fois que je vois ça sur Bordeaux" poursuit-il. 

Pourtant, Vincent Soulas n'a aucune inquiétude pour sa petite entreprise qui emploie aujourd'hui quatre salariés. Le confinement a ralenti la production cette année. Elle devrait approcher les 1900 hectolitres contre 2200 l’an dernier. "Nous avons les reins solides. C'est l'avantage de l'ancienneté" estime-il
Avec deux autres brasseries, l'une à Créon, l'autre dans l'Entre-deux-Mers, ils ont été les pionniers en Gironde.Vincent Soulas a créé la Brasserie Gasconha en 2010. Il s'est installé à Pessac, terre de vins. " C'est déjà ce que l'on me disait à l'époque" plaisante-t-il. Lui travaillait dans une maison de Cognac. Son associé, Nathanaël Rogier qui le rejoindra deux ans plus tard est "issu du vin".



Dix ans plus tard, la brasserie poursuit son développement et fait travailler des producteurs locaux. 
Elle vient d’embouteiller une nouvelle bière avec des brasseurs de la région à partir de malt néo-aquitain et de houblon vert des Landes. Une idée du Syndicat National de Brasseurs Indépendants pour relancer l'activité brassicole après le confinement. 


Gilles Daïd et son épouse font partir de la deuxième fournée. Celle de 2016/2018 après celle de 2010. À plus de 50 ans, ils ont entamé une reconversion professionnelle. Lui a suivi une formation dans un lycée spécialisé du Nord de la France, elle un cursus en techniques culinaires à Gradignan près de Bordeaux. 
C'est à la maison, dans leur garage qu'ils ont lancé leur Little Beer


"Quand on brasse, on génère un certain nombre de déchets. Dès le départ, on s'est interrogé sur comment on pourrait en avoir un minimum et comment on pourrait en recycler une partie", explique Gilles Daïd. 
C'est sur ce questionnement qu'ils ont imaginé une production bicéphale. Il brasse des bières régulières ou éphémères,  "au gré des envies". Son épouse utilise les déchets des céréales et du houblon pour cuisiner des biscuits sucrés et salés. 
Installés à Mérignac, ils tiennent à leur ancrage local et vendent uniquement en circuit-court. Ils sont tous les samedis au marché de Mérignac. Ils sont également associés à deux AMAPs, des associations pour le maintien d'une agriculture paysanne. Une politique qui leur a permis de traverser la tempête Covid. Aujourd'hui, leur brasserie ne parvient plus à suivre la demande. A l'étroit dans leur atelier-garage, les Daïd cherchent donc un nouveau local toujours à Mérignac et envisagent d'embaucher un à deux salariés. 
 
 
Le succès des bières artisanales n'est pas que régional. Il touche toute la France. Et si les brasseries artisanales ne représentent que 5% du marché français, elles sont plébiscitées par le consommateur, avide de plus d'authenticité et d'originalité. Alors, pour se démarquer de la bière industrielle, les artisanales se différencient par des arômes et des saveurs plus prononcées. Ce sont essentiellement de toutes petites structures. Selon l'observatoire économique de la chambre Métiers et de l'Artisanat de Nouvelle-Aquitaine, 70% des brasseries artisanales de la région n'ont aucun salarié. 12% en ont entre un et deux.

"Il y a de plus en plus de micro-brasseries" confirme Maéva Pallas, de la Chambre de Métiers et de l'artisanat de Gironde

Aujourd'hui, on n'a pas assez de recul pour savoir si ce développement est viable ou pas pour tout le monde.  La plupart des micro-brasseries créées sur les deux dernières années ne sortent pas forcément de salaires mais arrivent à travailler. Chacun avec sa spécificité :  le zéro déchet comme la Brasserie Saint Léon qui produit une partie de ses ingrédients et recycle ses déchets pour les agriculteurs, le travail des femmes comme la brasserie béglaise,  les produits locaux ou innovants. Chacun essaie de tirer son épingle du jeu.


Le dernier arrivé sur le marché est un poids lourd du vin. À 84 ans, l'homme d'affaires Bernard Magrez, propriétaire de 40 châteaux dont quatre grands crus classés, s'attaque à un concurrent.  
"La bière prend des parts de marché au vin" constate Sébastien Labat, chargé de mission au sein du groupe Bernard Magrez qui veut diversifier ses produits et cibler les jeunes, premiers consommateurs de bières. "Notre stratégie n'est pas de créer de toute pièce une brasserie mais de trouver un partenaire qui nous rejoigne pour son expertise et ses produits de qualité. Nous nous chargeons de trouver le nom, le packaging et d'assurer la distribution" développe Sébastien Labat.
Le groupe a d'ailleurs lancé un concours pour trouver l'étiquette et dénicher le talent avec lequel il pourra travailler à long terme sur le visuel.

Pour l'instant, pas d'objectif chiffré. Bernard Magrez vise le marché des Etats-Unis et de la Chine où la bière française est très prisée et le marché français avec des bières plus haut de gamme et locales. Des contacts ont été noués avec trois brasseurs. Trois autres se sont manifestés depuis que l'information est sortie dans la presse. 
Est-ce à dire que la Gironde deviendrait terre de bière ? "Je ne vois pas les viticulteurs arracher leurs vignes pour planter du houblon", s'amuse Sébastien Labat. 
Mais dans les Landes et le Lot-et-Garonne, la culture de l'or du brasseur s'étend. En Gironde, un agriculteur l'expérimente. 







 
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