La Nouvelle-Aquitaine est exposée à la menace pesant sur la biodiversité car elle réunit les principales causes relevées par les experts internationaux réunis à Paris. Fragilisation de l'habitat naturel, agriculture chimique : les ingrédients d'une dégradation annoncée.
" Sauver la nature pour nous sauver nous-mêmes ", le constat glaçant des scientifiques réunis au chevet de la biodiversité sur la planète s'applique y compris en Nouvelle-Aquitaine. C'est aussi le credo de Nicolas Thierry, vice-président de la région en charge de la biodiversité. Voilà des années que l'élu EELV, originaire de Créon en Gironde, tire la sonnette d'alarme. " Il y a un décalage entre la prise de conscience des citoyens et la plupart des responsables politiques. " avoue-t-il. Et pourtant, l'inventaire qu'il dresse dans la région reflète l'urgence.On sait que, comme partout en France, dans notre région un tiers des oiseaux a disparu en seulement 15 ans. Les oiseaux de plaine notamment en Poitou-Charentes... Cette statistique terrible concerne particulièrement la Nouvelle-Aquitaine.
Petit à petit, la biodiversité s'affaiblit. Vrai aussi pour les insectes comme le fait remarquer Nicolas Thierry. Là aussi, un tiers des espèces est menacé de disparition. Le risque est celui d'un effet domino déstabilisateur pour les écosystèmes. Cette mort silencieuse et ultra-rapide contribue à la disparition des oiseaux, la chaîne alimentaire ne fonctionnant plus.
ALERTE INFO : un million d'espèces en danger d'extinction. @IPBES #biodiversite #climathttps://t.co/SHnqXBxl0D pic.twitter.com/RoZuMghWGg
— franceinfo plus (@franceinfoplus) 6 mai 2019
La Nouvelle-Aquitaine exposée à la menace
Parmi les cinq causes de la disparition des espèces, il y a de loin en première position la destruction de l'habitat naturel et la fragmentation des espaces.Quand une autoroute ou un supermarché sont construits, il y a des espèces qui ne peuvent plus circuler librement. Cela conduit à l'isolement et parfois au déclin sur le secteur.
Ce qui fait dire à Nicolas Thierry :
Mais tout le monde n'est pas prêt à l'entendre...Une espèce protégée est plus importante qu'une nouvelle bretelle d'autoroute.
Le bouleversement du modèle agricole
La deuxième grande cause est la pollution chimique de l'eau, la terre. Une pollution généralisée de l'éco-système. " La première source est l'agriculture chimique et intensive, et la Nouvelle-Aquitaine est la première région agricole d'Europe. "
En ex-région Aquitaine et Poitou-Charentes, il y a beaucoup de grandes cultures, des céréaliers. Les vignes qui occupent environ 3 % de la surface agricole en France consomment 20 % des pesticides dans l'hexagone.Le premier levier, le plus urgent, c'est le basculement du modèle agricole. Il devient aigu.
La culture des pommes, très présente dans la région est dans la même proportion. Autant dire que le chantier de la transformation est grand. L'élu écologiste appuie :
Quand on connaît le poids économique, on voit le chemin à parcourir.
Comment y arriver ?
" C'est un problème politique. Plus vous consommez d'espace, plus vous utilisez d'eau et de pesticides, plus vous touchez d'argent de la PAC. "
C'est-à-dire neuf milliards d'euros, de l'argent de l'Union européenne, distribués pour la PAC. Ce n'est pas nouveau. La question demeure : quel type d'agriculture face aux enjeux décrits par les experts ?
" Oui, il va falloir changer le modèle tout le monde est d'accord. Mais surtout redonner du sens au métier de paysan." Ce que craint Nicolas Thierry, c'est la tenue d'un autre discours " Un autre modèle axé sur la technologie pour utiliser au final des drones et des hélicoptères.On doit faire face à une menace existentielle.
On parle de micro drones pollinisateurs pour remplacer les abeilles !!!
Pas incurable ?
La liste des mesures urgentes est longue. Il y a aussi les recommandations des experts qui s'appliquent à notre région en plein développement autour de la métropole bordelaise, le long du littoral : stopper l'artificialisation.Parmi les autres causes de cette extinction massive en cours, il y a la surexploitation des espèces, les espèces invasives et les dérèglements climatiques qui bouleversent l'écosystème. " Un degré de différence de température oblige une espèce à se déplacer à 200 km vers le nord... Quand on pense que dans 30 ans, on aura le climat de Séville... " Nicolas Thierry nous laisse réfléchir aux bouleversements à venir...La Gironde et les Pyrénées-Atlantiques connaissent de fortes pressions liées à l'urbanisation et notre région est particulièrement impactée.
«Personne ne pourra plus dire qu’il ne savait pas. Nous ne pouvons plus continuer à détruire la diversité du vivant. Il en va de notre responsabilité vis-à-vis des générations futures» - @AAzoulay, lancement du rapport @IPBES sur la #biodiversité. https://t.co/IQN0CRroDb #IPBES7 pic.twitter.com/0rCNgKH4nB
— UNESCO en français (@UNESCO_fr) 6 mai 2019